Par Rosalie Lapalme-Coderre
Dans le cadre du Jour du souvenir trans, le Groupe d’action trans de l’Université de Sherbrooke (GATUS) organise un rassemblement visant la commémoration et le soutien envers les victimes de meurtre et autres violences transphobes. Cette veillée aux chandelles se tiendra le 20 novembre à 20 h devant l’hôtel de ville de Sherbrooke. Une lecture commémorative des noms des victimes décédées cette année sera réalisée.
Une violence omniprésente
Chaque année, la transphobie ancrée dans nos sociétés amène son lot de comportements agressifs, violents et même brutaux envers les personnes trans ou non conformes dans le genre. Trop souvent, des personnes trans sont assassinées précisément en raison de leur identité. Entre le 1er octobre 2017 et le 30 septembre 2018, le Trans Murder Monitoring project rapporte 369 personnes trans assassinées, pour la majorité des femmes racisées et des travailleuses du sexe. Toutefois, il est impossible d’effectuer un réel dénombrement, notamment car l’identité trans des victimes est souvent effacée et niée au-delà de leur mort.
Des oppressions concomitantes
Cette vigile se bâtit dans une volonté de se remémorer la vie de ces personnes et d’établir un engagement dans le combat contre la transphobie, mais également contre le racisme et le sexisme dans la mesure où les violences transphobes s’établissent en intersection avec d’autres formes d’oppression.
Dans bien des cas, la transphobie est intersectionnelle à la discrimination violente envers les travailleurs du sexe. Considérant que plusieurs personnes trans se tournent vers ce travail, notamment en raison de leur précarité d’emploi, la criminalisation et la stigmatisation du travail du sexe contribuent à augmenter les violences transphobes en nuisant à la possibilité de le pratiquer de façon sécuritaire.
En 2017, à Montréal, Sisi Thibert, une travailleuse du sexe trans a été assassinée. Bien qu’on ne répertorie pas de cas similaires en 2018, les violences transphobes sont ici bien vivantes, visibles dans toutes les sphères de la société, notamment à l’école. Selon une recherche sur la transphobie en milieu scolaire dirigée en 2011 par Line Chamberland, une très grande majorité d’élèves trans québécois affirme ne pas s’y sentir en sécurité, plusieurs rapportant du harcèlement verbal ou physique, allant parfois jusqu’à des agressions.
Des impacts sur la santé mentale
Les violences transphobes ont également des conséquences désastreuses sur la santé mentale des personnes trans. Les jeunes trans présentent d’ailleurs un risque suicidaire beaucoup plus élevé que les jeunes cisgenres. Toutefois, selon le Trans PULSE project, ce risque peut être diminué de façon radicale par le soutien social, des soins de transition appropriés et une réduction de la transphobie. Le risque suicidaire des jeunes ayant des parents offrant un grand support est réduit à 4 %, alors qu’il s’établit à 57 % dans le cas de jeunes non supportés. Le mégenrage quotidien, la précarité d’emploi, le harcèlement policier, l’accès inégal à des possibilités de transition légale, médicale ou sociale et la sous-représentation dans les médias des personnes trans et non conformes dans le genre sont autant d’éléments qui rendent l’existence des personnes trans difficile psychologiquement comme socialement, mettant en péril leur sécurité.
Même lorsqu’elle ne prend pas la forme d’agressions directes, la transphobie tue.