Mario Beaulieu à l’UdeS : l’anglicisation du Québec financée par le fédéral 

Par Maximilien Duclos 

Le député et ex-chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, était de passage à l’Université de Sherbrooke, le 22 mars dernier, afin de présenter sa conférence à propos du rôle du gouvernement fédéral dans l’anglicisation du Québec.  

Cette visite s’inscrit dans une tournée de ce dernier à travers la Belle province afin de partager le fruit de ses recherches. Lors d’une entrevue ultérieure, ce dernier a également affirmé que la solution à l’anglicisation est la souveraineté du Québec. De plus, il a déploré le lien fait entre défense de la langue française et xénophobie.  

Susciter le débat linguistique chez les jeunes 

Le député de la Pointe-de-l’Île a affirmé, lors de l’entrevue téléphonique, l’importance pour lui de donner cette conférence à l’Université de Sherbrooke. D’abord parce qu’il est natif de Sherbrooke. Ensuite, parce que les jeunes n’ont, selon lui, pas été beaucoup exposés aux débats linguistiques. En effet, les débats entourant la loi 101, par exemple, se sont faits avant même la naissance de la plupart des étudiants actuels de l’Université de Sherbrooke. Monsieur Beaulieu voulait donc, par le biais de sa visite, susciter le débat entourant la langue de Molière au Québec. Également, l’ex-chef du Bloc québécois croit que la défense du français passe par une mobilisation de la jeunesse québécoise. Il veut, avec sa présence à l’Université, susciter une prise de conscience chez les jeunes afin de les pousser à s’impliquer pour la défense de leur langue.  

La conférence du député bloquiste se résume à l’idée suivante : le gouvernement fédéral du Canada finance l’anglicisation du Québec. Ce soutien à la langue anglaise passe par le financement des langues officielles. En effet, de 1995 à 2022, 94 % du financement de ce type au Québec a été distribué vers des organismes défendant les intérêts des communautés anglophones. Les groupes de pression font ensuite des campagnes afin de réduire la portée des droits du français au Québec. Un des exemples donnés a été celui du lobbying de ces groupes afin d’assouplir la loi 101 au Québec.  

Ce financement des organismes anglophones est décrié par Mario Beaulieu puisqu’il se base sur une prémisse fausse. En effet, les communautés parlant anglais sont certes minoritaires au Québec, mais font tout de même partie de la majorité canadienne. Or, leur financement relève d’une politique voulant soutenir les minorités linguistiques. L’ONU a par exemple reconnu en 1993 que les Anglo-Québécois n’étaient pas une minorité, puisqu’ils font partie de la majorité anglophone au Canada. 

Le Bloc, défenseur du français à Ottawa 

Mario Beaulieu a expliqué que le Bloc québécois est le réel défenseur du français à la Chambre des communes. Cette défense de la langue passe entre autres par les interventions en chambre du parti, les interventions médiatiques ou encore par le travail en commissions parlementaires. Monsieur Beaulieu est par ailleurs le vice-président du Comité permanent des langues officielles.  

Toujours selon le député bloquiste, les autres partis importants à Ottawa ne défendent pas suffisamment le français au Québec. Le NPD et les libéraux entravent la protection de la langue française, alors que les conservateurs ne la défendent point.  

Monsieur Beaulieu insiste sur la nécessité que la Loi sur les langues officielles ne s’applique pas au Québec. Cette dernière est une version édulcorée de la Loi 101 qui permet aux entreprises de juridiction fédérale de ne pas se soumettre aux lois linguistiques québécoises. Toujours selon le député bloquiste, c’est plutôt la Loi 101 qui devrait s’appliquer au Québec pour les entreprises à compétence fédérale. 

La souveraineté du Québec, solution à la préservation du français 

Lorsque questionné par rapport à son optimisme envers la situation du français au Québec, Mario Beaulieu a reconnu voir le verre à moitié plein. Cette vision positive s’explique par une montée des appuis à la souveraineté du Québec qui, selon lui, est la seule réelle issue pour préserver le français dans la Belle province.  

Le Parti québécois est présentement premier dans les sondages et récolterait entre 50 et 83 sièges si une élection se tenait demain, selon le site de projection de sièges Québec 125. Toujours selon le site de statistiques électorales, l’appui à la souveraineté du Québec oscille entre 34 % et 41 % chez les électeurs québécois en 2023 et 2024. 

Or, le député bloquiste n’est pas serein par rapport au français si le Québec demeure dans le Canada. Selon lui, la tendance ne va pas dans la bonne direction. Le financement fédéral et le transfert linguistique des nouveaux arrivants sont deux phénomènes qui l’inquiètent. En effet, M. Beaulieu constate que dans les autres provinces, les Néo-Canadiens s’intègrent par le biais de la langue majoritaire, l’anglais. Or, au Québec, le transfert ne se fait pas vers la langue officielle de la province, le français, mais plutôt vers l’anglais.  

Outre la souveraineté, le député du Bloc croit que l’application de la Loi 101 au cégep et la création d’un « CRTQ » pourraient être des solutions au déclin du français au Québec. En effet, selon lui, le système d’éducation supérieure québécois est un des rares au monde qui finance l’éducation dans une autre langue que la langue nationale. L’apprentissage en anglais mène, selon lui, à un marché du travail qui s’anglicise. Également, la création d’un Conseil régissant les activités médiatiques au Québec, remplaçant du CRTC canadien, serait une autre solution afin de promouvoir une culture francophone forte au Québec. 

La culpabilisation de la défense du français 

Le député de la Pointe-de-l’Île a déploré, lors de l’entrevue, que la défense du français au Québec soit assimilée à une forme de xénophobie. Selon lui, l’idée selon laquelle la protection de la langue serait une forme de fermeture est une stratégie utilisée par les groupes de pression défendant les intérêts des citoyens anglophones afin de décrédibiliser le mouvement de défense du français.  

Mario Beaulieu a affirmé par exemple que le Québec a historiquement mieux défendu les droits de la minorité anglophone que le Canada a défendu ceux des minorités francophones. Il a également tenu à rappeler que le mouvement souverainiste québécois veut protéger les droits des communautés anglophones du Québec. 


Source: Canva

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