Par Ariane Lacerte
Dans le cadre du cours ACT-101, un groupe de dix-sept étudiants a mis sur pied un projet qui permet aux étudiants de l’École de gestion uniquement, pour le moment, d’acheter des livres scolaires usagés. Dans l’envie de résoudre le manque d’options pour se procurer des livres usagés, les étudiants ont travaillé pendant 8 mois à développer le RÉGime. Le Collectif s’est entretenu avec Guillaume Lavoie et Andrea Lopicic, co-fondateurs du RÉGime.
D’où vous est venue l’idée de mettre sur pied un projet tel que celui-ci?
Le RÉGime est un système de livres usagés pour l’Université de Sherbrooke, un peu comme on retrouve dans les CÉGEP, mentionnent les deux co-fondateurs du projet. Il a pris naissance lors du cours ACT101, et comme dit Taillefer, : « Lorsqu’on s’indigne, on entreprend ». C’est dans cet état d’esprit qu’on a voulu répondre à un besoin sur le campus.
« Imaginez-vous en début de session. Vous regardez en ligne la valeur neuve des livres dont vous avez besoin et vous réalisez qu’ils sont trop chers. Vous allez donc sur les réseaux sociaux, mais rien de concluant, soit parce que votre vendeur ne se présente pas à votre rendez-vous ou simplement puisque vous ne trouvez rien. »
Lorsqu’on a commencé cette aventure, nous étions exactement dans cette situation-là. Sur les huit membres de l’équipe, sept n’avaient pas encore tous leurs livres pour le début de la session. Comme nous l’avons appris, on ne doit pas baser notre start-up sur nos passions nécessairement. Donc, en se basant sur le No Pain No Gain, nous avons décidé de créer un service de livres usagés pour les étudiants de l’Université de Sherbrooke. Alors, dans le cadre du cours ACT101, le RÉGime a pris officiellement vie. Pour ceux qui ne savent pas, le nom provient de RÉG (Regroupement école de gestion) et de -ime afin de compléter le jeu de mot, car mission est de vous faire « perdre vos livres en trop. » En fait, notre mission principale est de centraliser et de simplifier la vente et revente de livres usagés sur le campus de l’Université de Sherbrooke. Nous représentons un projet créé par des étudiants et destiné aux étudiants. Les valeurs de développement durable, l’entrepreneuriat étudiant et le sentiment d’appartenance envers notre Université ont guidé notre projet vers ce qu’il est aujourd’hui.
Nous avons créé le service pour répondre au besoin des étudiants. En effet, on offre un service C2C ou même E2E, soit étudiant à étudiant. Nos principaux clients sont les étudiants du premier cycle, car ce sont les livres de tronc commun qui circulent le plus. Le projet-pilote sera seulement à l’école de gestion pour les deux prochaines sessions et ensuite, à l’hiver 2020, nous serons partout sur le campus!
Comment fonctionne le RÉGime? Les étudiants vous apportent des livres et vous les revendez/redonnez?
Uni-livre a fermé cette session-ci et, dans le travail d’exploration, nous avons réalisé que les groupes Facebook en place peuvent être un irritant pour certains étudiants et qu’ils préféraient un lieu physique qu’une plateforme WEB.
On a créé le système avec notre partenaire officiel COOP. Depuis novembre 2018, elle nous appuie dans ce projet. Votre COOP est la mère porteuse de notre projet. En d’autres mots, le projet est remis à elle pour assurer la pérennité du service de la vente de livres usagés.
Les manuels scolaires sont les seuls acceptés et nous nous occupons de la consignation, de la vente et par la suite on s’occupe de vous contacter après la vente pour vous donner votre argent.
Combien reçoivent les étudiants qui vous apportent des livres?
Les étudiants reçoivent 80% du prix de vente du livre selon notre barème de prix préétabli. Les barèmes sont basés sur le prix neuf du livre. Le but du barème est d’assurer que le livre se vende et s’achète à sa juste valeur, soit une valeur convenable pour l’acheteur et le vendeur.
Comment fonctionne votre partenariat avec la COOP?
En s’associant à la COOP, on s’assure de la pérennité du projet : cela fait 53 ans qu’elle sert plus de 46 000 membres. Donc, le RÉGime durera dans le temps et c’était notre enjeu principal, de plus que la mission de la COOP est de redonner à ses membres. La COOP a déjà une section pour les livres usagés. Le projet permet alors d’encourager davantage la vente de livres usagés.
Sur le plan du développement durable, quel impact croyez-vous que votre projet aura?
Au moment même où vous lisez ce texte, 475 000 feuilles de papier sont imprimées par seconde, dans le monde. C’est 142 millions de feuilles de papier qui vont être imprimées le temps de lire un texte de cinq minutes.
Il est facile de jeter le blâme sur les papeteries ou les grosses multinationales. Par contre, il faut prendre conscience qu’ici même à l’Université de Sherbrooke, on a notre part de responsabilité. L’Université de Sherbrooke se positionne en tant que leader en développement durable. Pourtant, 65 ans après sa grande ouverture, aucun système de gestion des livres usagés n’est implanté à cause de la difficulté à assurer la pérennité de ce service.
Quels ont été les principaux obstacles au développement de votre projet?
Deux familles ont démontré énormément de ténacité afin de finalement vous offrir ce service. Personne n’a abandonné, car tout le monde trouvait la cause trop importante, autant pour réduire la facture étudiante que pour la réduction de l’empreinte écologique, et le fait de laisser notre marque ici, à l’Université de Sherbrooke. Malgré les hauts et les bas, c’est l’esprit de famille qui a fait qu’on s’est tenu et qu’on a passé au travers cette tâche colossale. En entrepreneuriat, il faut croire en nous, en nos collègues et en la cause si on veut réaliser de grandes choses et c’est ce que nous avons démontré!
Nous avons appris que le RÉGime est devenu bien plus qu’un projet scolaire lorsque des gens ont tenté de nous faire tomber. C’était comme s’ils s’en prenaient à nous directement. Toute l’équipe a fait place au côté émotionnel au lieu du côté rationnel. Nous avons réalisé que nous étions une grande famille et qu’ensemble nous voulions lui donner la meilleure éducation possible. Honnêtement, sans ce sentiment d’attachement très fort envers le projet et cette détermination, nous n’aurions jamais réussi à mettre à termes ce projet.
Suite à la première collecte de livres du RÉGime, l’équipe a recueilli 141 livres. Avec ce grand succès, d’autres dates seront annoncées sur la page Facebook. Si tu veux perdre quelques livres, nul besoin d’aller au gym! 😉
Crédit Photo @ RÉGime