Le premier cycle s’intègre à la vulgarisation scientifique

Par Pierre-Nicolas Bastida Tousignant

La psychologie se marie-t-elle bien avec le houblon? Assurément. La preuve, lors de la soirée du 31 mai dernier, au Boquébière, sous le thème Psychologie, les personnes conférencières Malika Houle, Marie-Catherine Audet, Angélique Auger, Laurie Bolduc, Florence Leclerc, Émilie Fontaine, Maxime Allaire et Audrey Marion ont toutes pu partager leurs analyses de façon très conviviale sur des sujets divers et d’actualités. Ces personnes sont toutes issues du premier cycle au baccalauréat en psychologie, une première dans l’histoire de BistroBrain.

La formule utilisée différait légèrement des présentations habituelles. En collaboration avec l’Association des étudiant(e)s en psychologie de l’Université de Sherbrooke, les présentations se sont tenues en duo. Cette formule semble avoir été un franc succès, laissant nos collègues dans une situation de partage de la scène, réduisant possiblement le facteur de stress lié à l’expérience de vulgarisation.

Après avoir discuté avec les conférencières, ma conclusion serait que la prise de parole en contexte scientifique permet aux personnes étudiantes d’apprendre tout autant, sinon plus, que le public cible. Le constat de cette soirée ? La vulgarisation scientifique est accessible à tous.

Des présentations sous le thème de la psychologie

Malika et Marie-Catherine ont offert une fascinante discussion sur le thème : s’autosexualiser. Qu’est-ce que c’est ? Simplement, c’est une manière de se sexualiser soi-même, pouvant notamment se manifester par des comportements émis dans le but de paraitre sexy (au quotidien ou à des moments donnés), par exemple : mettre du parfum, révéler son décolleté ou se raser la zone pubienne. Bien que cette présentation de soi sexualisée puisse être saine (exemple, du point de vue de la satisfaction sexuelle et de l’estime de soi), en général, il se peut qu’elle soit indue par des facteurs de société et qu’elle entraine des conséquences négatives. Si une personne perçoit qu’elle ne correspond pas aux standards de beauté de ses groupes sociaux, il se pourrait que ladite personne développe des inquiétudes face à son corps, son apparence ou son poids, ce qui peut mener à développer des troubles anxieux ou alimentaires. La conscience de s’autosexualiser est nécessaire afin que tous puissent pleinement se sentir en contrôle des messages véhiculé par notre nom verbal. Nonobstant, s’autosexualiser reste une façon de s’apprécier naturellement, alors apprendre à s’autosexualiser proprement revient à apprendre à s’aimer soi-même.

Angélique et Laurie ont proposé une étude audacieuse sur la colère et l’identité de genre. Selon leurs résultats, l’identification au rôle de genre s’est avérée un meilleur prédicteur de la colère que l’identité de genre. En effet, les personnes de la communauté LGBTQIA2S+ qui s’identifient fortement au rôle de genre masculin et faiblement au rôle de genre féminin auraient un ressenti de la colère plus élevée que le genre féminin ou masculin. Cette réalité serait causée en partie par une aversion envers le rôle de genre féminin qui prône des caractéristiques telles la douceur et la soumission. Ces caractéristiques stéréotypiques pourraient nuire au processus d’affirmation des personnes de la communauté LGBTQIA2S+, ce qui les pousserait à agir à l’opposé de celles-ci, c’est-à-dire en exprimant leur colère de façon plus directe et ouverte. Cela dit, puisqu’il s’agit de la première étude qui prend en compte l’identité de genre dans l’expérience de la colère, plus de recherches sont nécessaires afin d’approfondir sur le sujet.

Florence et Émilie se sont penchées sur l’incivilité au travail. A priori, je considérais, comme l’ensemble de l’auditoire, que partir en congé de maternité ou en congé de maladie serait un facteur qui entrainerait de l’incivilité au travail. Pourtant, nos collègues ont su convaincre leurs spectateurs que ce n’est pas la nature d’un congé ou de la personne partant en congé qui entraine une augmentation de la fréquence des incivilités au travail, mais la durée de ceux-ci. D’autres facteurs peuvent influencer le phénomène tels que l’identité de genre auquel la personne s’identifie, son sexe à la naissance, ses origines, son âge, etc. La durée d’un départ en congé fait partie des facteurs importants entrainant une augmentation dans la fréquence des incivilités vécues en milieu de travail. Après un congé de courte de durée (quelques jours à quelques semaines), les personnes sondées indiquaient vivre un niveau faible de fréquence d’incivilité au travail. Pour les personnes s’étant absentées pour un congé de longue durée (plusieurs semaines à plusieurs mois), la fréquence était établie entre parfois et constamment. Les conseils de nos conférencières seraient d’être poli, courtois, d’être respectueux, et ce, avec l’ensemble de nos collègues.

Maxime et Audrey se sont prononcés sur les troubles de sommeils et l’anxiété. Plus précisément ceux vécus par les personnes âgées. À la suite d’une série de tests effectués sur des personnes âgées de 65 à 72 ans, ces chercheuses ont constaté une forte corrélation entre l’anxiété vécue par les personnes âgées et la qualité du sommeil. De plus, elles ont su démontrer un fort lien entre la qualité du sommeil, l’anxiété et le bien-être. L’un exacerbant l’autre et inversement. Autrement dit, plus nous sommes anxieux, plus les troubles de sommeil sont importants. Et plus les troubles de sommeil sont importants, plus notre anxiété sera élevée. Ces deux facteurs sont négativement corrélés au niveau du bien-être des personnes affectées. Les résultats de l’étude peuvent être transposés sur la communauté étudiante. La conclusion serait qu’en période d’examen, il ne faut pas négliger notre santé mentale et notre sommeil. Ça ne pourrait qu’entrainer des résultats sous-optimaux aux examens.

Une communauté étudiante qui contribue

Je tiens à féliciter nos personnes conférencières pour leur contribution à la vulgarisation scientifique. Je tiens aussi à féliciter leur implication dans le processus qui a mené à ces présentations. La valeur de celles-ci était palpable sur les visages des spectateurs présents lors de cette soirée.

En conclusion, la vulgarisation est accessible à tous et à toutes. Il vous faut de l’intérêt, de la passion et une bonne capacité à traduire le langage académique en bon français ! Il est d’une certitude que toute personne peut s’adonner au travail nécessaire en amont et avoir une place sur la scène de la vulgarisation scientifique.


Crédit image @BistroBrain

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