Le 36e colloque de l’AMEUS 

Par Dominick Latulippe 

Les changements climatiques et leurs répercussions sont observables dans plusieurs secteurs d’activités humaines sur Terre. Ceux-ci obligent les populations à s’adapter à cette nouvelle réalité pour assurer une pérennité de ces activités. Plusieurs grandes discussions internationales se penchent entre autres sur la sécurité alimentaire. En effet, les changements climatiques bouleversent les écosystèmes dans lesquels les êtres humains s’alimentent. Ces grands changements mondiaux demandent au secteur agroalimentaire de s’adapter pour répondre aux nouveaux défis apportés par la crise climatique. C’est de cette problématique que l’Association de la maitrise en environnement de l’Université de Sherbrooke (AMEUS) a organisé son 36e colloque : Peut-on avoir une alimentation résiliente sans adapter notre système agroalimentaire? 

La réponse à cette question a été répondue très rapidement dans les présentations. Non, il est impossible d’avoir une alimentation résiliente sans une adaptation importante du système agroalimentaire au Québec. Selon le diagnostic de plusieurs spécialistes du domaine, il y a une grande différence entre l’agriculture souhaitée au Québec et sa réalité. 

Le colloque 

Les personnes invitées ont débuté par les enjeux de dépendances aux intrants de synthèse en agriculture. Un lobby des pesticides et d’engrais continuerait d’alimenter la problématique du phosphore des terres agricoles. Ces intrants contribuent notamment à la pollution des cours d’eau. Les normes entourant le phosphore sont considérées comme des échecs au Québec. Malgré les recommandations de plusieurs spécialistes, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ne voit pas de problème de saturation des sols en phosphore. De plus, l’usage de plusieurs pesticides est critiqué sévèrement par les conférenciers et conférencières. Les techniques d’agriculture utilisées au Québec pourraient se modifier afin de réduire l’utilisation des pesticides.  

Il est important de diriger cette transition par une gouvernance alimentaire. Ceci permettrait de planifier et de garder un contrôle sur les aliments, que ce soit dans leur production, leur transformation, leur distribution, leur entreposage ou bien leur consommation. Il faut responsabiliser les acteurs du milieu pour assurer une transition équitable et résiliente. Le droit à l’alimentation doit être reconnu à travers le monde pour assurer aux populations une qualité de vie adéquate. Des intervenants comme le gouvernement peuvent fixer des objectifs ou des cibles qui dirigent le secteur dans la bonne direction. Cependant, certains enjeux comme l’accès à la terre freinent le développement du secteur agricole. De plus, les métiers en agriculture sont en déclin ainsi que le territoire alloué à ces activités.  

Plusieurs organismes et coopératives se forment en réaction à ces défis. Ceux-ci s’entraident pour assurer un bon fonctionnement et un partage des connaissances dans le domaine. Des ateliers de chaine de montage sont organisés pour offrir, aux personnes du secteur, des opportunités de concevoir des outils ou des machines adaptés à leur réalité. D’autres groupes se partagent certains de ces équipements pour ne pas individualiser les dépenses. Cette entraide est très précieuse dans un secteur où les coûts sont normalement élevés. 

Les bouleversements climatiques exercent une pression sur la nécessité de transformer le secteur agricole au Québec. Plusieurs enjeux sont déjà diagnostiqués par des spécialistes du terrain. Malgré ces avertissements, le MAPAQ ne prend pas en compte les recommandations émises. Des solutions sont possibles, comme la pression citoyenne. Celle-ci pourrait venir prioriser l’adaptation dans les milieux agricoles. Aussi, le droit à l’alimentation doit être mis de l’avant pour assurer une justice sociale à travers le monde. Le gouvernement doit participer activement aux grandes directions que cette transition agricole doit prendre. Plusieurs regroupements et coopératives offrent de l’entraide aux acteurs du milieu pour faciliter cette transformation résiliente de nos systèmes agroalimentaires québécois.  


Crédits: Marie Gontharet et Eva Durand

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