Par Mireille Vachon
Lundi le 25 mars dernier, sous une formule 4 à 7, un panel organisé par le Groupe d’entraide et de soutien des étudiantes et étudiants en psychologie de l’Université de Sherbrooke (GRENSO) a eu lieu à l’Agora du Carrefour de l’information. Sandra Bélanger, pharmacienne et chargée de cours en pharmacie à l’Université Laval, et Vincent Dorval, infirmier clinicien au CHU de Québec et spécialiste en santé mental, ont traité de la contrebande de psychostimulants au sein de la communauté universitaire ainsi que de la hausse inquiétante de leur utilisation.
Augmentation marquée
L’usage de psychostimulants et d’antidépresseurs chez les jeunes de toutes les tranches d’âge a considérablement augmenté dans les dernières années. À titre comparatif, entre 2007 et 2017, chez les 14-17 ans, il y a eu une hausse de 160 % en termes de consommation. Le phénomène est deux fois plus présent chez les filles que chez les garçons. Aussi, aux États-Unis, le nombre de prescriptions de ce genre de médicaments est passé de 600 000 en 1990 à 3,8 millions en 2011, ce qui représente un accroissement énorme. La consommation de benzodiazépines (médicament utilisé entre autres contre l’anxiété, l’insomnie et l’épilepsie et qui agit sur le système nerveux central) est également en hausse, mais cible davantage les personnes âgées que les étudiants.
Risques et conséquences
La plupart des étudiants qui ingèrent ces substances le font dans le but d’améliorer leur performance scolaire et leur concentration. Pourtant, des études ont démontré qu’aucune corrélation n’existe entre la consommation et les résultats scolaires. Seulement l’effet placebo, soit l’illusion chez le consommateur que sa réussite est accrue grâce aux substances, est présent. Ce qui est alarmant, c’est la facilité à laquelle les gens ont accès aux médicaments : certains peuvent consulter des spécialistes de la santé et simplement annoncer qu’ils souffrent d’anxiété, d’insomnie ou de problèmes de concentration et parvenir à obtenir une prescription. D’autres peuvent consommer davantage que la dose recommandée pour augmenter les effets, inventer qu’ils ont égaré leurs pilules, puis obtenir une autre prescription immédiatement. Pourtant, ces agissements engendrent plusieurs risques, notamment la dépendance et les effets secondaires, autant physiques que psychologiques. L’accès difficile aux ressources en santé mentale encourage peut-être les étudiants à se tourner vers la médication, le plus simple moyen.
Pistes de solutions
Des agissements devraient être posés afin de contrer ce nouveau fléau présent chez les jeunes, mais aucune action n’a encore été envisagée. Devrait-on restreindre l’accès aux médicaments? Augmenter l’accès aux services psychologiques? Réviser les méthodes d’évaluation à l’université pour diminuer le stress chez les étudiants ? Faire davantage d’éducation et de prévention à ce sujet, autant chez les professionnels que chez les étudiants ? Pour l’instant, il n’y a pas de solutions miracles, mais avant de commencer une médication, il est important de se demander si on en a réellement besoin.
Crédit Photo @ Gouvernement du Canada