Par Victoria Vieira, Magalie Randlett et Audrai Dubreuil
Le travail social est une profession essentielle, bien que souvent méconnue et sous-estimée. Il joue un rôle vital dans la construction et le maintien du tissu social, en offrant un soutien aux individus et aux communautés ainsi qu’en militant pour leurs droits. L’une des manifestations les plus marquantes de cette sous-estimation réside dans la non-rémunération des stages, une situation qui mérite une réflexion sérieuse et qui comporte également des enjeux féministes, particulièrement au sein des métiers du care.
Les professions du care
Les professions du care (tout ce qui implique le fait de s’occuper ou de prendre soin d’autres personnes), telles que celles des infirmières, des psychoéducatrices, des enseignantes, des psychologues, des sexologues et des travailleuses sociales, sont essentielles à la société. Elles consistent souvent en un travail émotionnel et relationnel, requérant un engagement émotionnel et une disponibilité importante pour répondre aux besoins des personnes ou des groupes que ces gens accompagnent. Ces professions sont principalement occupées par des femmes, et c’est précisément dans ce contexte que la non-rémunération des stages prend une signification particulière.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les stagiaires du domaine du care jouent un rôle capital en fournissant une main-d’œuvre qualifiée. Elles exécutent des tâches et des responsabilités de travailleuses sociales professionnelles, d’infirmières en exercice, d’enseignantes en poste, etc., mais sans rémunération en retour. Cette disparité soulève des questions importantes sur la reconnaissance de ces professions, tout en mettant en exergue les enjeux liés à la précarisation des femmes dans le domaine du travail.
Comparons cette situation à celle des personnes étudiantes en génie : une profession à prédominance masculine. À titre d’exemple, ces personnes étudiantes bénéficient de la bourse Perspective, mais également de salaires pouvant atteindre 40 $ de l’heure lors de leurs stages. En revanche, les étudiantes en travail social ou dans d’autres emplois du care ne perçoivent que la bourse Perspective, sans aucune rémunération pour leur travail sur le terrain qui pourtant, allège le réseau de plusieurs tâches. Offrir majoritairement des stages rémunérés aux personnes issues de domaines à prédominance masculine accentue la hiérarchisation et la dévalorisation des métiers principalement occupés par des femmes.
Un impact sur la vie des personnes étudiantes
La non-rémunération des stages dans les métiers du care a un impact considérable sur la vie des personnes étudiantes. En plus de leurs heures de stage, la plupart d’entre elles sont contraintes de travailler à temps partiel, souvent dans des emplois en intervention à faible rémunération. En outre, après des semaines de 35 heures en stage, ces personnes arrivent épuisées à leur emploi à temps partiel, ce qui nuit à leur performance dans les deux domaines. Cette situation de non-rémunération perpétue les disparités socio-économiques existantes dans la société en positionnant les personnes étudiantes en situation de précarité financière dans un contexte où le coût de la vie ne cesse d’augmenter.
Bref, la non-rémunération des stages dans les métiers du care, principalement occupés par des femmes, est une problématique majeure qui mérite une réflexion approfondie du point de vue féministe. Elle pose des questions sur la reconnaissance de ces professions, sur l’équité dans le système éducatif et sur la lutte contre les inégalités de genre.
Source: Canva