La Guadeloupe, en mode festivités!

Par Judith Doré Morin

La circulation ralentit tout à coup. De l’arrière du véhicule, impossible de dire ce qui se passe à l’avant. C’est alors que des visages masqués surgissent des deux côtés de la voiture. Des cris, des bruits de tambour et de fouets qui claquent le vent. Inquiètes et plutôt effrayées, nous demandons à la conductrice ce que ces hommes veulent.  Sereine, elle nous informe qu’ils ne font que collecter de l’argent pour leurs costumes du carnaval. Elle ne doit pas avoir vu le film La Purge.

La saison du carnaval

En Guadeloupe, le carnaval ne se résume pas qu’à un joyeux Bonhomme Carnaval de sept pieds portant la ceinture fléchée. Loin des froides soirées d’hiver québécois passées au son des trompettes, le carnaval est ici une saison en soi.

Précédant le carême, période de restrictions avant les célébrations de Pâques, le carnaval débute le 1er dimanche de janvier. Pendant environ deux mois, des défilés et autres activités festives s’organisent chaque fin de semaine dans une ou deux communes. Au cours de cette période, des groupes de « Po » font retentir leur musique dans les rues de Pointe-à-Pitre chaque dimanche. Le tout se termine lors du Mercredi des cendres tandis que Vaval, le roi du carnaval personnifié par une marionnette, est brûlé.

La tradition carnavalesque de la Guadeloupe a été introduite au sein des colonies françaises au 17e siècle. C’était alors l’occasion de fêter et de s’amuser avec la période d’abstinence imposée par le carême dans la religion chrétienne. Les esclaves ont éventuellement été invités à intégrer les festivités. Avec des déguisements de fortune et des fouets, les esclaves pouvaient ainsi se moquer librement de leurs maîtres.

Des groupes entêtés au Gosier

Dès la fin de l’avant-midi, le 3 février, le public prend place le long du parcours prévu pour le défilé du Gozieval afin de s’assurer de bien voir le spectacle. Puisqu’il s’agit du seul carnaval de la journée, plus de quarante groupes sont inscrits à ce spectacle ambulant alors qu’il n’y en avait que vingt-cinq l’année dernière. Un nombre qui a surpris le comité organisateur.

À 14h30, alors que le premier départ devait avoir lieu, il n’y a que la chaleur et le soleil qui sont au rendez-vous. Malgré la pression des organisateurs et des organisatrices, les groupes tardaient à partir et le public s’impatientait. Leur réticence ne s’explique qu’une fois la nuit tombée, lorsque les guirlandes lumineuses des costumes sont allumées afin d’impressionner le jury et de remporter un prix pour leur prestation. Le public n’a toutefois pas été impressionné par ce retard. La plupart des gens ont quitté les festivités avant la fin et n’ont donc pas vu les derniers groupes défiler vers 23h.

L’an prochain, de nouvelles dispositions devront être prises par le comité organisateur afin d’éviter de tels délais, souligne sa présidente, Gislaine Gisors, qui menace d’ailleurs de quitter son poste.

Judith Doré Morin, ancienne chef de pupitre, a pris son envol pour la Guadeloupe!

Vous pourrez lire ses textes dans les prochaines éditions et sur le Web.

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