Cuidar del medio ambiente: protéger notre environnement

Par Judith Doré Morin

« Première semaine à San Melchor. Il me demande pourquoi je ne mange ni viande, ni œuf, ni produits laitiers. Ce que je veux répondre: »La production animale accapare d’énormes surfaces de terres fertiles, en plus d’être une grande consommatrice d’eau potable et d’énergie. Il est plus efficient de se nourrir directement de grains et de légumineuses que de les donner à un bœuf pour que nous puissions le manger ensuite. Aussi, l’industrie agricole constitue l’une des principales sources de gaz à effet de serre d’origine anthropique…» Ce que je réponds : »La viande… produire des gaz qui aller dans le ciel… et il fait plus chaud.» Conclusion : besoin… améliorer… espagnol! »

« Il fait plus froid, quoique parfois il fait plus chaud en journée. Le climat est fou. La nuit, il y a maintenant du gel dans les villages plus hauts. Il y a des animaux et des jeunes enfants qui meurent d’hypothermie.  L’hiver est plus nuageux et le vent est plus fort qu’avant. Mes enfants et moi sommes plus souvent malades, ce qui signifie qu’il y a des jours où je dois m’absenter du travail et que je dois acheter des médicaments. »

Et pourquoi il y a tous ces changements?

« Je ne sais pas. »

Désillusion

En arrivant à Ayacucho, j’étais émerveillée de voir toutes ces murales peintes sur les murs des écoles : prenons soin de l’environnement; réduire, réutiliser et recycler; ne pas jeter ses déchets dans la rue. J’étais abasourdie lorsque, en me promenant au centre-ville, j’ai vu qu’il y avait des bacs de collecte des matières compostables. Il n’y a même pas de compost encore à Trois-Rivières!

Avec les semaines, en observant ainsi qu’en discutant avec les femmes de la communauté dans le cadre de mon travail, j’ai toutefois réalisé que je m’étais emportée.  Bien qu’elles soient conscientes que le climat change, elles ignorent pourquoi.

À l’école, les activités de sensibilisation à l’environnement se résument à faire du bricolage avec des matériaux recyclées. D’une manière ou d’une autre, comme ce fut le cas avec le costume de Pac-Man de mon frère, ces matériaux se retrouveront dans un site d’enfouissement. Il faut se rappeler que la communauté n’est pas desservie par un service de collecte des matières recyclables. Le projet de compostage, en raison de coupes budgétaires réalisées au niveau municipal, se limite aujourd’hui à quelques quartiers. Les femmes rencontrées, bien qu’elles soient conscientes que le climat change, ignorent pourquoi il y a ces changements et ce qu’elles peuvent faire pour les atténuer.

Remise en question

Et alors au Québec, est-ce vraiment mieux? Maisons chauffées, mal isolées et de plus en plus grandes. Véhicules avec un seul passager. Forêts coupées pour des routes et des condos luxueux. Fruits, meubles et chandails qui viennent de partout sauf d’ici. Recyclage qui s’accumule dans des entrepôts. Ordures cachées dans un trou. Étalement urbain. Autobus désertés. Eau gaspillée. Tourisme de masse pour fuir l’hiver et s’évader durant l’été.

Ainsi, ma province m’apparaît tel un pays d’illusions. Il semble si facile de juger les autres, surtout lorsque nous ne faisons pas mieux qu’eux.


Crédit Photo @ Judith Doré Morin

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