Par Fanny Gendron
Le mardi 5 novembre, une conférence sur les migrations climatiques a eu lieu à l’agora de la bibliothèque Roger-Maltais. Étant la deuxième d’une série de trois, la conférence était présentée par la délégation de l’UdeS qui se rendra à la COP-25 à Madrid, au début du mois de décembre prochain.
De Sherbrooke à Madrid
Une délégation composée de 7 étudiantes et d’un étudiant de l’UdeS participera à la 25e Conférence des parties, la COP-25, initialement prévue au Chili, mais déplacée à cause de la crise sociale qui sévit actuellement au pays. La délégation étudiante a travaillé sur des thèmes de recherche liés aux changements climatiques, dont l’équité intergénérationnelle, une transition juste ainsi que les migrations climatiques. La conférence du 5 novembre dernier s’est divisée en deux volets, soit les migrations environnementales et la justice climatique suivie de la responsabilité des pays du nord face aux migrations environnementales.
Justice climatique
La question de la justice climatique en lien avec la migration environnementale a été présentée par Vanessa Cournoyer-Cyr, bachelière en études politiques appliquées ainsi que maître en environnement. Elle a elle-même participé à la COP-17 qui a eu lieu en Afrique du Sud. Sa thèse est que l’injustice climatique cause des mouvements de migrations climatiques. En effet, le réchauffement climatique est principalement causé par l’augmentation des GES, dont les plus grands émetteurs sont les pays du nord. En 2018, c’est 17,2 millions de personnes qui ont dû migrer, souvent à l’intérieur de leur propre pays, mais en s’éloignant des zones côtières, à la suite de catastrophes naturelles. L’Asie est le continent qui est le plus touché par ce phénomène, suivi par l’Afrique subsaharienne.
Judiciarisation de la migration climatique
Contrairement au statut de réfugié, les migrants climatiques n’ont, à ce jour, aucun statut juridique. Par contre, plusieurs regroupements ont tenté de greffer une approche juridique au concept de justice climatique. Au Québec, par exemple, le groupe ENvironnement JEUnesse a intenté une action en justice contre le gouvernement du Canada pour avoir violé les droits fondamentaux des jeunes générations. L’injustice climatique est aussi un enjeu intergénérationnel.
Comme piste de solution à cette injustice climatique, Vanessa Cournoyer-Cyr propose d’adopter des politiques migratoires au niveau national, car chaque État se doit d’intégrer cela à son droit interne et qu’à l’aide d’une action concertée entre les États, la question pourra être abordée en dehors des frontières.
Responsabilité des pays du nord
Louis Béchard, diplômé du baccalauréat en ingénierie et d’une maîtrise en environnement, a présenté ses résultats de recherche quant à la responsabilité des pays du nord dans l’enjeu de la migration climatique. Selon lui, la responsabilisation des pays du nord est grande, car ce sont eux qui ont le plus pollué lors de leur industrialisation, mais on peut observer qu’en 20 ans, leur contribution a diminué pendant que celle des pays du sud augmentait. Aujourd’hui, ce sont les pays du sud qui se développent et qui se justifient de produire des GES.
Finalement, par rapport à l’enjeu de la migration climatique, les pays occidentaux ont un grand rôle à jouer, car ils vont bientôt être forcés d’accueillir des milliers de migrants climatiques provenant des pays du sud. La solution, selon Louis Béchard, serait de voir la migration environnementale comme une stratégie d’adaptation à la crise climatique et de rédiger dès maintenant des ententes régionales et des traités bilatéraux entre les différents pays afin d’être prêt pour accueillir les flots de migrants climatiques.