Par Élizabeth Dubé et Mai Lie Caya
Le vendredi 23 février dernier, l’Université de Sherbrooke inaugurait la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de la montée de la violence. La chaire, menée par l’Université de Sherbrooke, l’Université Concordia et l’UQAM, est une première dans la recherche mondiale. À l’occasion du lancement, le Centre culturel de Sherbrooke accueillait des dignitaires et des représentants du gouvernement du Québec et du Canada.
Les trois visages de la chaire de recherche
De concert avec l’Université Concordia et l’UQAM, et sous l’égide de l’UNESCO, la nouvelle chaire de recherche de l’Université de Sherbrooke a pour mission de développer des activités de sensibilisation en matière de prévention à la radicalisation et de l’extrémisme violents.
La chaire de recherche trouve sa raison d’être dans la montée du populisme et de certains groupes d’extrême droite. La force de la chaire repose sur la collaboration de trois cotitulaires à la tête de ce projet. Chacun d’eux propose un angle d’étude différent qui permet de répondre à la complexité de la réalité de l’extrémisme violent.
D’abord, le volet recherche permet de développer des outils de compréhension du phénomène auprès du public et d’aider les gens à lutter contre l’extrémisme violent par l’adoption de solutions adaptées. Dirigé par David Morin, professeur à l’Université de Sherbrooke, le volet recherche s’intéresse à l’enjeu de l’extrémisme violent dans les écoles, les communautés et les entreprises.
Comme le mentionne Ghayda Hassan, professeure et deuxième cotitulaire de la Chaire UNESCO, la valeur ajoutée à la recherche est exploitée pleinement grâce à l’expérimentation en milieu pratique. Ce volet mise sur l’évaluation des pratiques prometteuses étudiées par les chercheurs pouvant être instaurées chez les jeunes et les familles concernées par l’extrémisme violent.
Vivek Venkatesh, professeur de l’Université Concordia, propose quant à lui une formule pédagogique par le développement d’une plateforme numérique de sensibilisation à l’extrémisme violent. L’initiative SOMEONE, dirigée par ce troisième cotitulaire de la chaire représente une utilisation réfléchie des médias dans la lutte contre la cyberhaine. Les onze projets qui y sont développés présentent des manières de sensibiliser le public à développer des capacités de réflexion critique portant sur la haine.
La mission de la Chaire UNESCO
Le professeur de l’Université de Sherbrooke Sami Aoun affirme que le meilleur outil pour lutter contre la radicalisation est l’éducation citoyenne. Selon le directeur du comité scientifique de la chaire, le dialogue et le débat citoyen ouvert sont à prioriser afin de prévenir l’extrémisme violent. La Chaire UNESCO mettra sur pied une plateforme virtuelle d’informations et d’échanges. Puisque toutes les recherches et les résultats y seront déposés, et ce, à l’échelle internationale, cet espace virtuel créera une valeur ajoutée pour l’ensemble des chercheurs et des praticiens dans ce domaine.
La Chaire UNESCO comme pôle d’excellence
Le Secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO, Sébastien Goupil, déclarait lors du lancement de la chaire : « nous sommes fiers d’accueillir dans notre réseau cette nouvelle chaire au modèle de gouvernance unique, réunissant trois grandes universités, une première au Canada et dans le monde ».
Représentant les idéaux du gouvernement du Québec, la nouvelle Chaire de recherche UNESCO s’inscrit dans les priorités énoncées dans le plan d’action gouvernemental de lutte contre la radicalisation du Québec.
Le professeur David Morin est d’avis que la Chaire de recherche UNESCO devrait aider la population à mieux comprendre le phénomène de la radicalisation et à y faire face. Parmi leurs nombreuses recherches, les spécialistes tenteront de répondre à plusieurs questions sociales telles que : comment évaluer l’efficacité des programmes déjà mis en place? Les parents des jeunes radicalisés ont-ils accès à suffisamment d’outils? Les écoles sont-elles sensibilisées à ce phénomène?
En trouvant des réponses à ces questions, le professeur David Morin espère « que la chaire [endiguera] la radicalisation et l’extrémisme violents qui est en train, malheureusement, de prendre de l’expansion à l’heure actuelle et de détricoter le tissu social et le vivre ensemble au sein de nos sociétés ».
Un projet social à l’échelle internationale
La Chaire de recherche UNESCO s’ajoute aux dix-huit autres chaires de recherches déjà instaurées au Canada. Ce lancement représente une fierté pour le Québec, mais également pour la région de l’Estrie. Les résultats qui seront découverts ici même auront des répercussions positives partout à travers le monde, et ce, grâce à la quarantaine de partenaires sur lesquels la chaire peut déjà compter, et qui sont répartis en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique, en Amérique latine et dans le Proche-Orient.
Crédit Photo Michel Caron, UdeS