Café et sobriété économique

Par Pierre-Nicolas Bastida Tousignant

En cette ère de dérèglements climatiques et de surconsommation, la question se pose : est-ce que la croissance est la solution? Qu’est-ce que la décroissance, et qu’implique-t-elle? Pour illustrer ce concept ainsi que son synonyme, laissez-moi donc vous raconter une petite histoire de café, se tenant sur les campus de l’Université.

Décroissance économique

Prenons le café comme unique bien de consommation. Afin d’obtenir une croissance négative (décroissance économique) de la production et de la consommation de café, le gouvernement ou autre autorité doit imposer des quotas de production ou de vente afin que le niveau de consommation accessible soit plus faible que celui enregistré précédemment. De cette façon, l’individu qui souhaite consommer les mêmes quantités de café ne pourra le faire qu’aux dépens des autres, et ce à un prix plus élevé. Pourquoi un prix plus élevé ? C’est assez simple, si l’offre diminue, lorsque la demande est constante, le prix devra nécessairement augmenter. Résultat, moins de café disponible et à prix plus élevé par tasse de café consommée. Cependant, qu’arriverait-il si la courbe de demande de café diminuait avant la courbe d’offre ?

Sobriété économique

La sobriété économique, qu’est-ce que c’est ? Reprenons le café comme exemple. La sobriété économique implique que les agents prennent le choix de réduire leur consommation respective. Ce choix de diminuer sa consommation de café permet deux choses. Tout d’abord, la diminution volontaire des quantités demandées entraînera éventuellement une diminution des prix. De plus, cette diminution des prix devrait s’accompagner d’une diminution des quantités produites. Lorsque l’offre est constante, une diminution des quantités demandées implique une diminution des prix.

Résultat, moins de café demandé, moins de café produit, et tout cela à prix plus modeste par tasse de café. Le résultat diffère, car d’un côté le choix nous est imposé. Ce qui interfère avec nos biais cognitifs, ainsi que nos attentes de consommation de caféine. De l’autre côté, nous participons et anticipons le choix de réduire notre consommation de café. C’est donc pour cela que le résultat semble plus agréable. Toutefois, dans les deux cas, nous réduisons le niveau de production de café et, par le fait même, la croissance.

Nota Bene

Dans les deux cas de figure précédents, il est très important de noter que le café est utilisé pour représenter l’ensemble des biens ou services disponibles à la consommation dans notre économie. Une réduction des quantités demandées et offertes, peu importe le niveau des prix, pourrait impliquer l’un ou plusieurs des effets suivants : hausse potentielle du niveau de chômage, fermeture d’entreprises et commerces, diminution (voir disparition) des variétés d’un seul bien ou service tel que vanille française ou macchiato latte. La réduction de la vitesse d’innovation dans l’ensemble des domaines, quant à elle, est certaine.

Bien que la surconsommation soit un problème, ce qui semble pouvoir faire la différence, à petite échelle et à grande échelle, ce sont nos choix et nos attentes vis-à-vis notre consommation individuelle et collective. Préférons-nous consommer maintenant ou de façon pérenne ?


Crédit image @Wikimédia

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