Ven. Mar 29th, 2024

Par Carolanne Boileau  

Les dernières semaines ont donné lieu à des échanges corsés entre le premier ministre François Legault et son homologue fédéral, Justin Trudeau. Santé, immigration, mesures contre l’inflation… les sujets de discorde sont nombreux.  

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a annoncé dans les dernières semaines la concrétisation de l’une de ses promesses électorales les plus marquantes. Au cours du prochain mois, les Québécois et Québécoises gagnant un revenu inférieur à 100 000 $ recevront des chèques allant de 400 $ à 600 $. Cette mesure, qui sera établie dans une mise à jour budgétaire le 8 décembre prochain, vise à diminuer les impacts de l’inflation et de la hausse du coût de la vie.  

Même si cette politique est motivée par de bonnes intentions, la somme que celle-ci représente ne laisse pas la population indifférente. Ce sont 3,5 milliards de dollars qui serviront à financer les chèques anti-inflation du gouvernement Legault. Un montant qui est colossal et difficilement imaginable. Le ministre des Finances, Eric Girard, assure que ces chèques serviront à régler un problème immédiat qui se doit d’être abordé rapidement, rapporte le journal La Presse.  

Du côté du gouvernement fédéral, les critiques sont vives et le premier ministre Justin Trudeau ne s’est pas gêné de donner son avis. « Ce n’est pas l’argent qui manque dans les systèmes provinciaux s’ils sont en train d’envoyer des chèques pour les gens qui en ont le moins besoin ou de donner des baisses d’impôts aux plus riches », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse. 

Cette prise de position peut sembler curieuse puisque le gouvernement fédéral a lui aussi adopté des politiques claires pour contrer la hausse du coût de la vie. Le 3 novembre dernier, le gouvernement libéral a présenté son Énoncé économique de l’automne de 2022, un plan qui prévoit un soutien à la population canadienne. Parmi ces mesures de soutien, les crédits d’impôt sur la TPS seront doublés pour une période de 6 mois et certaines allocations seront bonifiées. À la suite de sa critique envers le gouvernement caquiste, il semblerait que le premier ministre Trudeau souhaite être le seul à pouvoir « remettre plus d’argent dans les poches des Canadiens ».  

Des transferts qui se font attendre 

La remarque du premier ministre Trudeau ne passe pas très bien auprès du gouvernement québécois qui distingue clairement les transferts en santé de l’aide aux citoyens. Pour le ministre Girard, les chèques offerts par Québec ne devraient pas affecter les transferts fédéraux : « ce n’est pas parce que le gouvernement du Québec aide les citoyens à faire face à la hausse du coût de la vie que les transferts en santé ne doivent pas augmenter, là. L’argument ne tient pas. »  

Le Québec réclame des transferts en santé depuis plusieurs mois déjà et n’est pas la seule province à le faire. Les autres provinces et territoires canadiens sont également en attente de transferts pour investir dans leur système de santé. Malgré les demandes récurrentes, les transferts se font attendre. Tout porte à croire que la situation ne s’améliorera pas de sitôt. À la grande déception des provinces et territoires, Ottawa s’est retiré des négociations concernant le Transfert canadien en matière de santé (TCS). Selon Radio-Canada, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, est même allé jusqu’à blâmer les ministres des provinces et des territoires, les accusant d’avoir fait échouer la négociation.  

À la suite du retrait d’Ottawa, le premier ministre François Legault s’est prononcé sur la situation. « Justin Trudeau ne comprend pas que toutes les provinces ont besoin d’aide. Je ne comprends pas que Justin Trudeau s’obstine devant une unanimité des provinces et des territoires », a-t-il décrété en entrevue avant de rejoindre son conseil des ministres le 9 novembre. Le Québec semble se retrouver dans un réel bras de fer avec Ottawa, mais le premier ministre de la province francophone assure que la situation est la même partout à travers le pays. 

Une autre porte close 

Comme si ce n’était pas assez, le sujet de l’immigration vient ajouter des tensions supplémentaires entre les deux paliers de gouvernement. Tout au long de la campagne électorale, la CAQ a martelé qu’elle voulait réduire les seuils d’immigration, une position qui ne fait pas plaisir au gouvernement fédéral. Contrairement à Québec, le fédéral souhaite accueillir 500 000 immigrants chaque année d’ici 2025. Sans aucune gêne, le premier ministre Justin Trudeau est encore une fois venu critiquer et contredire le Québec sur l’aspect de l’immigration. Celui-ci souhaite que la province accueille davantage d’immigrants même si le gouvernement québécois juge que c’est impossible.  

« Le Québec a depuis longtemps la capacité d’augmenter ses seuils d’immigration. Je sais que chaque fois que je parle à des propriétaires d’entreprises à Montréal ou en région, ils soulignent à quel point c’est important de contrer la pénurie de main-d’œuvre », mentionne Justin Trudeau, d’après un article du Devoir. Sans grande surprise, le chef de la CAQ François Legault est totalement en désaccord avec son homologue. Pour lui, le seuil de 50 000 immigrants est absolument nécessaire et ne doit pas être dépassé.  

Après s’être frappé à une autre porte close, le Québec continue de revendiquer plus de pouvoir en immigration. L’avenir ne semble pas prometteur pour M. Legault, qui s’est vu refuser la plupart de ses demandes au cours de son mandat précédent. Chose certaine, le Québec n’en est pas à son premier bras de fer avec Ottawa et n’en sera certainement pas à son dernier.  


Crédit image @National Observer

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