Par Ismaël Lamoureux
Émilise Lessard-Therrien, ex-députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, a fait son retour en politique en 2023 en se lançant dans la course au co-porte-parolat féminin de Québec Solidaire (QS). Élue dans cette course qui l’opposait aux députées Ruba Ghazal et Christine Labrie le 26 novembre dernier, elle démissionne le 29 avril suivant, évoquant des difficultés à imposer son leadership et sa vision au sein du parti. Le départ de la femme politique qui aura occupé ce poste pendant cinq mois suscite de vives réactions et force la réflexion au sein du parti.
Dans un long texte publié sur sa page Facebook le matin du 29 avril, Émilise Lessard-Therrien claque la porte. Dans la plume que ses abonnés lui connaissent, celle qui avait pris un pas de recul de la vie politique depuis un mois décrit qu’elle se sent épuisée professionnellement.
La fière Témiscamienne de 32 ans occupait son rôle de façon extra-parlementaire, n’étant plus députée. Lors de la course, elle exprimait vouloir profiter de l’opportunité pour faire le tour du Québec, notamment des régions, où Québec solidaire peine à faire croître ses appuis. Son élection comme tête d’affiche féminine de la formation de gauche donnait une lueur d’espoir aux Solidaires qui espèrent élargir la base du parti hors des centres urbains. Il avait pourtant réussi en colorant en orangé l’ancien comté de Mme Lessard-Therrien aux élections de 2018.
Les écrits de la politicienne abondent dans le même sens que les reproches que faisait l’ex-députée Catherine Dorion dans son livre Les têtes brulées au sujet du porte-parole masculin, Gabriel Nadeau-Dubois. Le récit de Mme Lessard-Therrien évoque « une petite équipe de professionnelles tissée serrée autour du porte-parole masculin » et que « les différentes visions se sont entrechoquées ».
Frictions entre dogmatisme et pragmatisme?
Après 24 heures de réflexions, Gabriel Nadeau-Dubois a clarifié sa vision de QS : il veut en faire un parti prêt à gouverner. Pour ce faire, la formation, dont toutes les orientations sont choisies par les militants, doit alléger sa structure pour plus « d’agilité », dit-il. Pour certains, cela démontre la validité des reproches faits à son égard par mesdames Dorion et Lessard-Therrien, dans la mesure où sa vision du parti est claire. Dans ce contexte, on comprend qu’il puisse avoir été ardu pour Émilise Lessard-Therrien de faire contrepoids à l’air d’aller de GND en proposant une façon de faire de la politique « autrement », qui attribue, entre autres, moins d’importance à l’image.
Dans tous les cas, la considération des voix féminines est un enjeu qui semble s’imposer au sein du parti solidaire. La Commission nationale des femmes de QS, le 7 mai dernier, a fait une sortie médiatique dénonçant le musellement des femmes et « l’influence croissante de personnes non élues démocratiquement » au sein du parti. Quelle que soit la formule choisie, une restructuration interne sera nécessaire pour la survie de l’organisation politique.
Mais bien malin est celui qui prédira la destinée de Québec solidaire et de GND. De ce fait, certaines questions demeurent en suspens : les militants du parti appuieront-ils ce que propose leur chef parlementaire, à qui ils ont attribué 90 % d’approbation en novembre dernier ? Si Gabriel Nadeau-Dubois ne réussit pas son pari, changera-t-il de véhicule pour tenter de devenir premier ministre ?
Source: Facebook Québec Solidaire