Jeu. Avr 25th, 2024

Par Carolanne Boileau 

Être une personnalité connue au Québec et ailleurs dans le monde vient avec des privilèges, mais également des responsabilités. Certaines vedettes utilisent la scène ou leur art pour faire avancer les choses ou défendre des valeurs qui leur tiennent à cœur. C’est notamment le cas de Gabrielle Boulianne-Tremblay, une artiste trans qui milite avec vigueur pour les droits des communautés LGBTQ+.  

Qui est-elle?  

Née en 1990 dans un petit village appelé Saint-Siméon, l’artiste aux multiples facettes a certainement eu un parcours hors du commun. Elle est connue aujourd’hui à titre d’écrivaine, de comédienne et de conférencière. Cependant, ses œuvres ne sont pas la seule explication derrière sa popularité. Gabrielle est l’image même de la persévérance et se donne comme mission d’éduquer la population pour éradiquer les violences subies par les communautés LGBTQ+.  

À travers son premier roman, La fille d’elle-même, Gabrielle fait vivre à ses lecteurs son histoire. Ce qui est impressionnant (ou désolant) c’est que c’est la toute première fois qu’une autofiction québécoise aborde le sujet de la transidentité. Entre ces pages, on peut lire l’histoire d’une jeune fille prisonnière d’un corps de garçon, être témoin des insultes lancées à son égard et de la détresse psychologique de la jeune femme. Grâce à l’honnêteté de son récit, l’écrivaine a certainement réussi à rejoindre le public puisque La fille d’elle-même a connu un succès fulgurant. Classée au sommet des ventes de livres au Québec, l’autofiction de Gabrielle sera adaptée en série télévisée.  

Survivre à l’aide de la poésie  

Le roman La fille d’elle-même n’est pas la seule œuvre littéraire de Gabrielle Boulianne-Tremblay. En effet, l’autrice et comédienne explique dans le Journal de Montréal que l’écriture a toujours été une échappatoire pour elle. La jeune Gabrielle a eu un chemin avec des embûches, elle explique même qu’elle a abandonné un rôle à l’âge de 17 ans, car elle ne se sentait pas bien sa peau. Ce qui aurait dû lancer sa carrière de comédienne à l’époque n’a jamais vu le jour, car le temps n’était pas encore venu, la fleur n’était pas prête à s’ouvrir.  

Sarah-Émilie Nault du Journal de Montréal a obtenu un témoignage fort touchant de l’autrice. « L’écriture, c’est un acte de résistance contre le marasme quotidien, surtout en temps de pandémie, explique Gabrielle Boulianne-Tremblay. Pour moi, c’est un acte de survivance, car sans l’écriture, je serais morte, littéralement. » Ces paroles sont lourdes de sens et donnent une richesse éblouissante à son art. À l’aide des mots, Gabrielle décrit les montagnes russes que la société lui a fait vivre. Son premier recueil de poésie intitulé Les secrets de l’origami est paru en 2018 et ne sera pas le dernier puisque l’autrice travaille déjà sur un nouveau projet.  

Le rôle qui a tout changé  

En 2016, Gabrielle Boulianne-Tremblay décide finalement de faire le grand saut et de s’afficher sur la scène cinématographique. Une annonce Facebook a attiré son attention. Des réalisateurs étaient à la recherche d’une actrice transsexuelle qui n’avait pas reçu de chirurgie de réattribution sexuelle. Gabrielle décide donc de tenter sa chance, ce qui sera fondamental puisqu’elle décroche son premier rôle, soit Klas Batalo dans le film Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau.  

Son rôle dans ce film réalisé par Mathieu Denis et Simon Lavoie lui vaut finalement une nomination comme Meilleure Actrice de Soutien aux Prix Écrans Canadiens en mars 2017. Une certaine corrélation peut être observée, car peu importe où Gabrielle passe, celle-ci fait des vagues. En plus de sa nomination, le long-métrage remporte le prix de Meilleur Film Canadien au Toronto International Film Festival de 2016.  

Des jours plus sombres  

Les derniers temps ont été assez durs pour la communauté LGBTQ+. En effet, dans les deux dernières semaines, une réelle tragédie a eu lieu et une annonce est arrivée telle une claque au visage pour les Sherbrookoises et Sherbrookois. C’est dans des moments comme ceux-ci qu’on se rend compte que pouvoir compter sur des personnes avec une visibilité comme Gabrielle représente une réelle chance.  

À la mi-mars, tout le Québec a été secoué par un évènement qu’on ne peut même pas imaginer dans nos pires cauchemars. Un enfant de seulement 10 ans, Alex, s’est enlevé la vie, car il n’était plus capable de supporter l’intimidation dont il était victime chaque jour. Alex a vécu ce que beaucoup vivent en silence. À seulement 10 ans, ce petit être s’est enlevé la vie, car la société n’est pas éduquée sur la question transidentitaire. Gabrielle a rapidement pris les devants pour verbaliser la tristesse immense de cet évènement. Ayant elle-même vécu son lot d’épreuves, elle s’est indignée du fait que les ressources sont manquantes et que la transphobie n’est toujours pas reconnue dans notre quotidien.  

La goutte d’eau qui fait déborder le vase 

Quelques jours après ce qui devait être une réelle prise de conscience pour la société, une autre nouvelle vient déstabiliser les communautés trans. Après avoir crié haut et fort que les ressources ne sont pas assez disponibles, l’organisme communautaire TransEstrie annonce qu’il devra fermer ses portes, faute de financement. Cet organisme qui offre des services aux personnes trans, non binaires et en questionnement joue un rôle fondamental pour la communauté LGBTQ+ en Estrie.  

Des témoignages ont été faits pour démontrer l’urgence d’agir dans La Tribune et ailleurs. Encore une fois, Gabrielle Boulianne-Tremblay a fait une déclaration sur Instagram. Sur une publication spécialement dédiée à TransEstrie, elle explique que c’est son devoir d’utiliser sa tribune pour aider. Elle a également mis un lien sur son compte pour toute personne désirant faire un don.  

La mission de Gabrielle est d’une importance capitale et devrait être la mission de tous. Il y a plusieurs manières d’aider, mais en attendant, l’enjeu dans notre ville est de sauver nos organismes communautaires. Pour faire un don, il suffit de visiter le site internet de TransEstrie ou la page Instagram de Gabrielle Boulianne-Tremblay. Le moindre geste peut changer les choses.  


Crédit image @ Julie Artacho

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