Une mairesse à l’écoute de la population étudiante 

Par Josiane Demers 

Le 7 novembre dernier, Évelyne Beaudin, cheffe de Sherbrooke citoyen, est devenue la première mairesse de la ville. Plusieurs nouveaux conseillers ont également remporté leur pari. Il s’agit donc d’un important changement de garde au sein de l’appareil municipal; un renouveau considérable, loin des mentalités des vieux partis. Cette nouvelle administration souhaite donner une voix aux citoyens et par le fait même, à la population étudiante.  

En plus de s’attaquer à la lourdeur administrative et à la transparence, Évelyne Beaudin compte bien se pencher sur certains enjeux qui touchent de plus près les étudiantes et les étudiants des quatre campus sherbrookois.   

En 2022, on modernise 

L’heure de la modernisation semble avoir sonné à l’hôtel de ville. « Lorsque je suis arrivée au conseil en tant que jeune, je trouvais qu’il y avait des choses qui n’étaient pas dans l’air du temps. Même démocratiquement, on est rendue à un moment où les gens s’attendent à avoir leur mot à dire par rapport aux décisions », mentionne madame Beaudin. La mairesse souhaite que les citoyens soient au courant des dossiers tout au long de leur évolution afin d’éviter qu’ils se retrouvent devant des faits accomplis, après quoi leur seul recours est de tenter de faire infirmer les décisions.   

 Ça positionnait le citoyen dans un rôle de « chialeux », alors que nous, on veut travailler avec la population et profiter de l’intelligence collective. On veut que les citoyens deviennent des bâtisseurs plutôt que juste des personnes qui sont mécontentes des décisions prises.

— Évelyne Beaudin 

Depuis le début de 2022, inspiré par cette approche participative, le conseil concentre ses énergies à la création de commissions politiques. L’objectif est de professionnaliser les institutions de politique municipale. « Au lieu que ce soit seulement un maire qui décide, le fonctionnement est établi et prédéterminé. Le cheminement des dossiers est plus clair. Ça fait en sorte que la population peut davantage influencer le cours d’un dossier », conclut la mairesse à ce sujet.  

Un siège étudiant à la STS? 

Selon un représentant de la Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS), la population étudiante représente plus de 50 % des usagers de la STS. C’est pourquoi la FEUS réclame un siège sur le conseil d’administration (CA) depuis plusieurs années déjà et se butte à répétition à la réticence de l’organisation.  

« C’est une demande face à laquelle j’ai toujours été favorable. C’est légitime et raisonnable. Ce sera à voir avec la STS et je pense que ça nous amènerait à nous poser des questions plus globales sur la gouvernance à la STS », explique madame Beaudin.  

Toutefois, elle mentionne que l’organisation est un gros « paquebot » et que les décisions sont prises des années à l’avance. Cela implique de la planification stratégique qui s’étale sur du long terme. C’est pourquoi il serait difficile pour une personne étudiante qui siège sur le CA d’être témoin des changements et des résultats auxquels sa présence aura pu contribuer pendant son parcours universitaire.  

La mairesse suggère également une alternative inédite. « Je pense que d’avoir un comité des usagers où siégeraient des personnes étudiantes serait quelque chose qui pourrait être vraiment intéressant », mentionne-t-elle.  

Il est important de se rappeler que la STS, bien que financée en grande partie par la ville, demeure une instance indépendante à qui, par le passé, le conseil a délégué beaucoup de responsabilités en matière de mobilité durable. Dans un désir d’implication plus accrue, l’équipe de madame Beaudin a créé la commission Environnement et mobilité.  

La mobilité, ce sont non seulement les autobus, mais ce sont aussi les trottoirs, les vélos… Avec cette commission, c’est la première fois qu’on va discuter de la mobilité dans une instance de la ville de Sherbrooke.

— Évelyne Beaudin 

À quand des logements abordables? 

Malgré le perpétuel déni de la CAQ face à la crise du logement, elle se fait sentir partout à travers la province. La situation s’avère particulièrement difficile pour la population étudiante qui n’a pas accès aux logements à prix modiques, mais qui doit tout de même composer avec un revenu limité et un budget serré.  

Madame Beaudin soulève la problématique non négligeable des enjeux de voisinage. Dans le secteur Université, les préjugés fusent de part et d’autre. Un certain rapprochement entre les résidents de longue date et les personnes étudiantes s’avère nécessaire. Toutefois, malgré certaines réticences citoyennes, le conseil a approuvé, le 19 janvier dernier, un projet immobilier de résidence étudiante comprenant 35 logements.  

La mairesse souhaite en faire plus à cet effet. « Je suis impliquée au niveau du logement sur des instances nationales. Je suis en train de voir comment on peut intégrer plus de logements au centre-ville parce qu’il y a beaucoup de projets en cours et il y aurait peut-être moyen de s’accrocher à certains d’entre eux pour qu’il y ait du logement étudiant. Il y a aussi la question du couvant qui n’est pas complètement occupé et qui pourrait représenter une option viable », souligne-t-elle. Son objectif réside dans le désir de créer des liens et de s’assurer que les bons partenaires se parlent pour réussir à faire arriver de tels projets.  

Évelyne Beaudin s’intéresse aussi à l’organisme Unité de travail pour l’implantation de logements étudiants (UTILE) et explore l’idée que cela puisse se mettre en branle à Sherbrooke. Cette entité développe des projets innovants pour la population étudiante à travers le Québec.  

Il va falloir parler avec les associations étudiantes. En gros, autant pour les étudiants que pour les autres, moi je crois énormément au modèle coopératif. Il faut vraiment « doper » l’offre en ce moment. C’est ce qui va aider à la fois la pénurie et la pression à la hausse sur les prix.

— Évelyne Beaudin 

Finalement, l’ancienne étudiante de l’UdeS suggère une idée intéressante et originale aux associations étudiantes, soit la création d’un OBNL en immobilier. « Si les associations étudiantes voulaient se regrouper, elles pourraient avoir accès à beaucoup de subventions. Je peux leur donner des idées, je peux leur faire parler aux bonnes personnes et les encourager. Le jour où elles auront besoin de subvention, on regardera ce qui est disponible. En OBNL ou en COOP, il y a de gros gains à faire », conclut-elle.  


Crédit image @ Fournie par le Cabinet de la mairie de Sherbrooke

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