Par Sarah Gendreau Simoneau
Ça brasse dans le monde de la Ligue nationale de hockey (LNH) depuis le début de la saison. Plusieurs congédiements, des remaniements d’équipes, des problèmes dans les organisations. Le Canadien de Montréal n’est pas en reste avec le ménage qui s’y opère présentement à l’égard du congédiement de son directeur général et de deux autres membres de l’état-major de l’équipe. Pourrait-il s’agir d’une ouverture pour une première femme au poste de DG?
C’est à la fin du mois de novembre que Marc Bergevin s’est fait montrer la porte ainsi que Trevor Timmins, directeur général adjoint, et Paul Wilson, vice-président principal, affaires publiques et communications. « Le moment est venu de procéder à un changement de leadership dans notre département hockey qui sera porteur d’une nouvelle vision afin que nos partisans et partenaires puissent continuer d’encourager une équipe pouvant rivaliser avec les meilleures de la ligue », a indiqué Geoff Molson dans un communiqué diffusé après les congédiements.
Un nouveau gestionnaire a déjà été embauché par le Canadien pour relancer l’équipe. Jeff Gorton se joint à l’organisation à titre de premier vice-président aux opérations hockey.
Spéculations
Aussitôt le congédiement de Bergevin annoncé, plusieurs rumeurs ont fusé de toutes parts autour de l’identité du prochain directeur général. Dans tous les cas, Geoff Molson est clair, la personne choisie devra parler français, relate Le Devoir.
Et si l’idée d’une future directrice générale n’était pas si loin? C’est que le comité formé par le Canadien de Montréal, qui aura la tâche de trouver le prochain directeur général de l’équipe, a déjà entamé son long travail de recherche, selon RDS, et au moins trois femmes seraient dans la mire pour le poste. Le souhait de Geoff Molson serait d’avoir plus de diversité dans les bureaux de l’équipe.
Plusieurs noms, dont Danièle Sauvageau, qui a travaillé dans plusieurs sphères du monde du hockey au Canada, Émilie Castonguay, ancienne joueuse devenue agente — elle représente notamment Alexis Lafrenière — et Florence Schelling, captent l’attention. Cette dernière, après sa carrière comme gardienne, a agi à titre de directrice générale du SC Berne, une équipe masculine dans la Ligue nationale A, en Suisse, selon TVA. Elle est la première femme de l’histoire à obtenir un tel titre au sein d’une équipe professionnelle de hockey masculin.
Un moment décisif dans l’histoire?
Il n’y a jamais eu de femme qui a occupé un poste de directrice générale dans l’histoire de la Ligue nationale. En Amérique du Nord, Kim Ng était devenue la toute première femme à se voir offrir ce poste parmi les cinq ligues professionnelles de sport masculin, avec les Marlins de Miami, dans le baseball majeur.
Ça serait tout un accomplissement dans le monde du sport au Canada que d’avoir la première DG dans la LNH. Ça serait tout un accomplissement dans la lutte pour l’égalité des sexes.
Cependant, il faudra s’armer de patience avant de connaître l’identité du nouveau directeur général ou de la nouvelle directrice générale puisque Jeff Gorton a été clair; le processus de sélection pourrait être long. L’équipe n’aura probablement pas de DG avant 2022.
La hockeyeuse Marie-Philipe Poulin est optimiste quant à voir un nom féminin pour le poste. Surtout qu’Émilie Castonguay est son agente. « Pourquoi pas? Je pense que ces femmes-là ont apporté beaucoup au hockey, non seulement au hockey féminin, mais elles connaissent la game, a commenté la double médaillée d’or. Je suis très chanceuse de pouvoir travailler avec Émilie. Elle en fait beaucoup pour moi et tous ses joueurs. »
Jeff Gorton précise qu’autant pour Émilie Castonguay que pour les autres femmes considérées, « elle ne serait pas engagée juste parce qu’elle est une femme. Elle a un CV assez étoffé et, si le poste l’intéresse, elle doit faire partie de la liste des personnes qui seront considérées. Elle est une personne toute désignée pour réussir ceci ». Preuve qu’une femme a autant de chances d’être sélectionnée qu’un homme, à compétences égales.
Encore beaucoup de chemin à faire pour les femmes
De plus en plus de femmes se taillent une place depuis quelques années dans des postes influents dans le monde du sport et aident à faire éclater le plafond de verre. Lizza Frulla, directrice générale de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, a été la première journaliste sportive à la radio de CKVL dans les années 1970. Elle connaît bien les milieux de travail majoritairement masculin.
Elle félicite celles qui réussissent à défricher un peu plus le sentier. « Commenter c’est une chose, suivre le Canadien, c’est une chose. Mais entrer dans l’organisation pour coacher et dire aux athlètes comment patiner, comment faire, c’est autre chose. On se retrouve vraiment à un autre niveau et c’est là que je dis bravo! » Selon elle, la raison pour laquelle les femmes au sein des organisations sportives sont encore bien souvent l’exception qui confirme la règle, c’est que ce sont le pouvoir, l’argent et l’honneur qui sont difficiles à partager.
Certains stéréotypes demeurent, même s’ils sont utilisés pour promouvoir la candidature des femmes. Un d’eux est que les femmes ont un style de gestion différent, qu’elles sont plus à l’écoute, plus maternelles. Ce qui a fonctionné pour madame Frulla dans les milieux de travail dominé par les hommes, au-delà de la stratégie, c’est l’humanisme, la confiance et la patience.
2022 est à nos portes et il est grand temps que les femmes trouvent la place qu’elles méritent dans les hautes instances des organisations sportives. Malheureusement, depuis l’annonce d’une potentielle future directrice générale chez le Canadien, plusieurs commentaires désobligeants abondent sur les réseaux sociaux. Quelle surprise! Certaines personnes ne sont toujours pas capables de reconnaître l’égalité dans une société comme la nôtre et de reconnaître que tous et toutes peuvent avoir leur chance.
Pour 2022, vivement encore plus de femmes exerçant des métiers traditionnellement masculins. Vivement une société plus éduquée sur l’égalité de tous. Vivement une plus grande ouverture d’esprit.
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