Sur la photo : Pierre Perrault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures et depuis peu président de l’Acfas.
Par Roxane Gaudreault
En collaboration avec l’Université Bishop’s, l’Université de Sherbrooke a été l’hôte du 88e congrès de l’Acfas du 3 au 8 mai derniers. Sous le thème Du jamais su, le congrès s’est déroulé de manière 100 % virtuelle et a attiré plus de 6 000 congressistes, un record.
Alors que le congrès de l’Acfas de Sherbrooke aurait dû avoir lieu en 2020, la pandémie a forcé son report à cette année. Cela a fait de 2020 la première année depuis 1933 où le congrès n’a pas eu lieu. Sa reprise, cette année, était donc un défi de taille pour les cohôtesses sherbrookoises, soit l’Université de Sherbrooke et l’Université Bishop’s.
Si le format des conférences a dû être maintes fois repensé, c’est finalement une édition 100 % en ligne qui a été organisée. Les différents congressistes, panélistes et animateurs ont donc dû s’adapter et adapter leur contenu au format numérique. Un défi? Probablement, mais un défi auquel commence à s’habituer le milieu universitaire et celui de la recherche. Il faut dire que le numérique n’a pas que ses désavantages : des 6 000 congressistes qui ont participé au congrès, plusieurs l’ont fait de l’international, regroupant des représentants de près de 35 pays.
Au total, ce sont plus de 4 000 communications scientifiques qui ont été présentées pendant la semaine, dont 219 colloques et 556 communications libres. Contrairement aux éditions passées et pour pallier les contraintes techniques imposées par les mesures sanitaires, ces dernières ont été produites en version vidéo et resteront accessibles jusqu’au 22 mai prochain, une innovation motivée par le contexte, mais qui pourrait demeurer dans les éditions futures.
En plus du succès démontré par les hauts taux de participation, le 88e congrès de l’Acfas est aussi un succès médiatique. Qualifié de « grand buffet de la science » par un grand média québécois, l’événement à créé bien du trafic sur les réseaux sociaux avec plus de 6 500 publications et partages sur Twitter.
Du jamais su ou l’importance de l’innovation
Le thème de cette édition du congrès, Du jamais su, visait à mettre de l’avant l’importance de l’innovation et la manière dont les découvertes scientifiques ont un impact direct sur la vie de tous les jours. Alors que la découverte d’inventions révolutionnaires peut sembler ralentir en ce début de 21e siècle, il est bon de mettre de l’avant l’ampleur des avancées scientifiques qui se font chaque jour, notamment au sein des universités.
Dans cette optique, le choix de Jean-René Dufort comme président d’honneur du congrès allait de soi : la vulgarisation scientifique n’a pas de secret pour cet homme de science recyclé en communicateur de renom. Ce diplômé de l’Université de Sherbrooke a été choisi pour son impact dans la promotion de l’innovation scientifique et des sciences en général. Ce n’est pas le premier honneur que celui qu’on connaît mieux sous le nom d’Infoman reçoit de la part de son alma mater : ce dernier a été nommé ambassadeur de la Faculté des sciences de l’Université de Sherbrooke en 2019.
Des congressistes et des contenus plus diversifiés que jamais
Imaginé à l’image de l’Estrie, région connue pour ses deux universités généralistes produisant une grande quantité de recherches scientifiques, le congrès a mis de l’avant des contenus bien diversifiés.
Les sciences de la nature se sont révélées particulièrement présentes au programme, notamment les avancées dans les sciences médicales, ainsi que plusieurs conférences touchant les changements climatiques, les problématiques présentes et futures de gouvernance (notamment la gouvernance des forêts et de l’eau) ainsi que les innovations entourant les intelligences artificielles.
Du côté des sciences humaines, plusieurs experts ont pu partager le sujet de leurs recherches et faire le point sur l’innovation dans leur domaine, parmi ces nombreux colloques et ces nombreuses conférences, certaines ont fait particulièrement jaser. Parmi celles-ci, le panel sur la participation sociale des aînés et l’impact de celle-ci sur leur santé, animée par, entre autres, la professeure Mélanie Levasseur, en a intéressé plusieurs, surtout dans le contexte pandémique actuel qui accroît l’isolement de cette tranche de la population.
Aussi, dans un contexte social où le débat sur la rectitude politique au sein des institutions universitaires est bien ouvert, il n’est pas surprenant que le panel des professeures Nadine Vincent et Geneviève Bernard Barbeau intitulé Regard linguistique sur les mots polémiques ait attiré l’attention des médias et des participants. Comme quoi les mots et leur impact demeurent de tout temps une science actuelle et innovante.
La pandémie comme objet scientifique
Sans surprise, plusieurs panels du congrès portaient sur des sujets scientifiques directement en lien avec la pandémie de COVID-19. Dans une démonstration multisectorielle, tant les conséquences sociales que les éléments découlant de la médecine ou de la biochimie ont été explorés, parfois même dans des tables regroupant des chercheurs de différents secteurs d’activité. Des sujets comme les vaccins RNA, les impacts sur les finances publiques, ceux sur les familles et plusieurs autres ont été abordés, présentés et discutés. C’est ainsi que, plus qu’une contrainte ou un contexte social particulier, le virus et les innovations qu’il a obligé les experts à rechercher se sont fait une place au centre de la table.
L’Acfas, ou l’Association francophone pour le savoir, est un organisme à but non lucratif qui a pour mission de contribuer à l’avancement des sciences au Québec, dans la francophonie canadienne ainsi que dans la francophonie globale. Elle promeut l’innovation et la recherche ainsi que la culture scientifique. L’Acfas tient annuellement un congrès depuis 1933.
L’équipe de l’Acfas a annoncé que le prochain congrès aura lieu à l’Université Laval du 9 au 13 mai 2022.
Crédit photo @ Michel Caron – Université de Sherbrooke