Par Josianne Chapdelaine
Le 29 novembre dernier avait lieu une conférence intitulée Travaux d’équipe, tous pour un? à l’Agora de l’Université de Sherbrooke. À la veille de la remise des travaux de fin de session, qui se déroulent pour certains en équipe, il s’avère pertinent de se pencher sur les méthodes de travail à appliquer afin de rendre ces rencontres plus agréables et efficaces.
Des discours controversés
Les professeurs Olivier Caya, de l’École de gestion, Joséphine Mukamurera, de la Faculté d’éducation ainsi que Jean-Sébastien Plante, de la Faculté de génie, ont discuté des pistes de solutions pour améliorer l’efficacité et le bon déroulement des travaux d’équipe.
À l’aide d’une vidéo de type vox pop réalisée grâce à des témoignages d’étudiants de l’UdeS, les trois enseignants ont échangé sur plusieurs questions qui préoccupent étudiantes et étudiants quant aux travaux d’équipe. Plusieurs problèmes et inquiétudes semblent exister au sein de la communauté étudiante quant à ce mandat exigé par les professeurs.
D’abord, il y a le fait que le succès n’est pas mérité pour tous les membres d’une équipe. « Je n’aime pas ça me fier aux autres pour mes résultats, j’ai peur d’être avec des gens qui ne vont rien faire, mais qui vont bénéficier de la note. C’est injuste si tu dois accomplir la majorité du travail », explique Ariane Gagnon, étudiante en administration des affaires.
Le professeur Caya s’est prononcé sur cette situation qui peut être désagréable. « Quelqu’un qui se dévoue pour son propre succès et pour le succès des autres va être récompensé pour ses efforts un jour. L’élève moins impliqué va récolter les graines des efforts des autres, mais ne pourra pas faire carrière avec une attitude comme cela. Il va se planter où ça va compter le plus ».
Les travaux d’équipe sont parfois complexes parce que l’équipe est peut-être trop nombreuse. « Plus il y a de coéquipiers, plus c’est compliqué, et moins c’est, à mon avis, utile. Je comprends que sur le marché du travail, tout se fait en équipe, mais les gens sont au bureau sensiblement aux mêmes heures. Le travail en équipe à l’Université n’est en aucun cas représentatif », explique Gabrielle Comeau, étudiante en communication.
Monsieur Caya encourage les enseignants à proposer un temps en classe qui sera attribué pour la rencontre d’équipe si possible. « Cela les force donc à se rencontrer », explique-t-il. « Il serait intéressant que chaque département dégage du temps chaque semaine pour les rencontres d’équipe, si nécessaire », ajoute Jean-Sébastien Plante.
La cohérence du contenu est parfois difficile puisque plusieurs auteurs travaillent sur un document. « J’ai rarement vu que cela se termine par un réel travail d’équipe, puisque les participants ont tendance à se séparer les parties du travail, ce qui a pour résultat que chaque étudiant ne maitrise pas l’ensemble du travail et ça donne des écrits qui manquent de cohérence », explique Jasmine Auclair, étudiante à la maitrise d’intervention en toxicomanie.
À ce sujet, André Marquis, professeur au Département des lettres et communications, suggère dans son ouvrage L’art de retravailler ses textes, paru en 2016, d’opter pour la rédaction d’un texte dans un document commun où il sera possible de voir le travail de ses pairs en temps réel. Ainsi, l’étudiant peut s’ajuster pour que le ton et le style soient uniformes tout au long du travail.
Trucs et astuces
L’Université de Sherbrooke suggère quelques éléments clés pour un bon fonctionnement lors des rencontres d’équipe.
D’abord, il est pertinent d’établir les règles de base qui vont déterminer les comportements acceptés au sein de l’équipe, tels que la ponctualité, le respect des délais, la solidarité, etc. Joséphine Mukamurera suggère même de faire signer un contrat par tous les membres de l’équipe avant d’entamer le travail.
Ensuite, il faut planifier le travail. Cette étape consiste à choisir les objectifs à atteindre, à répartir les tâches selon l’intérêt et les forces de chacun des membres de l’équipe, à préciser les moyens utilisés ainsi qu’à établir un échéancier.
Pour terminer, afin de vivre une expérience enrichissante et agréable, il est recommandé de faire une mise au point à chaque fin de rencontre afin de discuter de la satisfaction globale. « Il y a souvent des problèmes, mais il faut savoir les prévenir. Le but n’est pas de réussir à obtenir une note, mais plutôt d’apprendre ensemble, d’apprendre à coopérer », souligne Joséphine Mukamurera. « Le travail d’équipe est un savoir-faire, ça se fait en le pratiquant », ajoute Jean-Sébastien Plante.
Les bons côtés
André Marquis mentionne plusieurs avantages du travail d’équipe dans son ouvrage tout juste mentionné : « La confrontation d’idées, un remue-méninge plus efficace et enrichissant, une stimulation supplémentaire pour respecter les délais, une aide rapide en cas de problèmes à résoudre, l’apport de compétences et de connaissances diverses, une écoute empathique dans les moments plus difficiles. »
« Je crois qu’un travail d’équipe peut vraiment être bien, car ensemble, on va plus loin », exprime Naomi Potvin, étudiante au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire.
Alain Tremblay, directeur général du Service des stages et du placement, était présent pour le mot de la fin, saluant la pertinence des travaux d’équipe avant l’arrivée des étudiants sur le marché du travail. « Travailler en vase clos dans une entreprise, ça n’existe plus. Le travail d’équipe est une compétence très recherchée par les employeurs. »
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