Slogans homophobes : les partisans fautifs seront désormais expulsés

Par Jean-François Eddie

D’après un article de la SRC (Société de Radio-Canada), des injures homophobes se font régulièrement entendre lors des parties du Vert et Or de l’UdeS. La situation est d’une telle ampleur que de nombreux joueurs et étudiants ont fait part de leurs mécontentements sur les réseaux sociaux.

« Je joue à l’aile sur le terrain, près des estrades. Souvent, je suis la cible d’insultes. Je me fais traiter de «petit fif» ou encore de «little fourteen faggot»». Je les ai toutes entendues », raconte Nicolas Bourque, le numéro 14 de l’équipe de Rugby du Vert et Or. « J’en suis à ma troisième saison universitaire. C’est arrivé toutes les saisons dans toutes les universités. Ça arrive partout, précise l’étudiant au baccalauréat en politique appliquée. Est-ce que ça fait trop longtemps? À mes yeux, oui. »

L’étudiant athlète estime qu’il est important de faire cesser ce genre d’attitudes. « On perd un peu de notre fierté d’équipe. […] Il y a moyen d’encourager son équipe sans avoir à se tourner vers des insultes de ce genre. » De toute évidence, il est loin d’être le seul à penser de cette façon.

Attitude dénoncée sur les réseaux sociaux

Depuis plusieurs années maintenant, il est possible d’entendre des chants homophobes aux parties à domicile du Vert et Or de l’UdeS. En effet, les fans entassés dans le stade ont souvent tendance à dénigrer l’uniforme de la partie adverse. La semaine dernière, une section des partisans à scander « le rouge, c’est fif » lors du match d’ouverture qui opposait les Redmen de l’Université McGill au Vert et Or. L’étudiante en communication Camille Gascon était présente dans les gradins. Elle n’a pas hésité à dénoncer ces comportements sur Facebook.

« Comment, en 2019, une bande d’étudiants peut-elle encore se permettre de scander «LE ROUGE, C’EST FIF» aux visiteurs? J’ai assisté à plusieurs rencontres dans les trois dernières années en espérant toujours que cette habitude évolue. On m’a gentiment expliqué que c’est une tradition, qu’on utilise cette phrase à la grandeur de la province. » Ça fait partie du jeu, Cam. C’est dans l’esprit du sport. » […] Une chose est certaine : notre langue est assez riche pour encourager intelligemment nos footballeurs, » écrivait l’étudiante sur sa page Facebook.

Suite à la publication, Camille a suscité beaucoup de réactions chez les étudiants et le personnel de l’Université. Lors d’une entrevue avec la SRC, l’étudiante de la FLSH a expliqué qu’il est grand temps d’interdire ces slogans jugés inacceptables en 2019.

« Je ne crois pas que ces gens soient nécessairement homophobes, mais je crois qu’ils ne pensent pas à l’impact de leurs mots, croit-elle. Est-ce qu’on a pris le temps de se demander si c’était blessant? Non pas du tout. »

– Camille Gascon, étudiante en communication

L’Université prend note de la situation

Il aura fallu l’indignation de plusieurs joueurs et athlètes pour que l’UdeS condamne la situation. De fait, l’Université a fait la promesse de prendre des actions concrètes afin de limiter ces slogans insultants. Des mesures seront prises dès le prochain match et comprennent :

  • Des messages de tolérance diffusés avant les parties
  • Des interventions auprès des partisans
  • La possibilité de suspension ou d’expulsion
  • Un affichage plus visible du « code des spectateurs »

Le directeur général du Service du sport et de l’activité physique à l’Université de Sherbrooke, Jean-Pierre Boucher, a expliqué qu’il n’était pas au courant des slogans homophobes. « Je vous dirais que non […] J’ai pris connaissance de cette information le 16 septembre dernier. Aussitôt que je l’ai su, on a entamé des discussions avec l’équipe d’organisation des rencontres sportives. On s’est déjà mis en action pour préparer nos prochains évènements », a-t-il confié à la SRC.

GRIS-Estrie réclame une politique de « tolérance zéro »

Le groupe régional d’intervention sociale de l’Estrie (GRIS-Estrie) est un organisme de lutte à l’homophobie qui œuvre dans la région de Sherbrooke. Face aux développements des dernières semaines, la directrice générale de l’organisation a affirmé qu’elle aussi n’était pas au courant que des insultes homophobes étaient partie courante aux rencontres sportives.

« Ces mots ne sont pas anodins, ça peut être extrêmement violent. Jamais on ne tolérait des propos sexistes ou racistes dans les gradins, donc il n’y a aucune raison de tolérer des propos homophobes. »

– Rébecca Janson, GRIS-Estrie

Malgré tout, la directrice explique que le monde sportif a fait des « avancées notables » depuis quelques années dans son inclusion des communautés LGBTQ+. Par contre, elle est d’avis qu’une action rapide et directe (tolérance zéro) est la meilleure solution. « C’est une mesure qui est prise de plus en plus en Europe. On ne s’attend pas à moins des institutions à Sherbrooke », explique-t-elle.

« Je crois qu’un travail de sensibilisation est de mise. L’essence du problème sont les mots à caractères homophobes employés et, malheureusement, le fait est que ces mots sont souvent utilisés sans que le communicateur sache à quoi il fait référence. Il est donc important de promouvoir, lors de nos matchs à domicile, l’encouragement intense hautement ciblé de nos couleurs sans avoir besoin de se préoccuper de l’équipe adverse. Comme nous le disons au sein du Vert et Or football, F.O.T., focus on your team! ».

– Yanni Khennache, joueur de football pour le Vert et Or

Les mesures prises par l’Université sont un premier pas dans la bonne direction pour mettre un terme à l’ignorance des préjugés adressés aux minorités sexuelles. Il est grand temps de se regarder dans la glace et de travailler à convaincre les partisans : l’homophobie est nocive au sport, sur le terrain comme dans les gradins.


Crédit Photo @ Radio-Canada

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