Par Bianca Lahaye
Il n’est pas rare, dans un contexte scolaire ou même universitaire, que le stress soit considéré comme une réaction excessive à proscrire ou à fuir. Bien souvent qu’autrement, le stress est même démonisé. C’est dans cette optique de compréhension que Sonia Lupien, fondatrice et directrice scientifique du Centre d’Études sur le stress humain, a écrit le livre Par Amour du Stress. Sous une plume humoristique, elle vient démystifier le visage caché du stress.
Que se cache-t-il derrière le stress ?
Dre Lupien a effectué une recherche participative avec son équipe et s’est rendue dans un centre d’achat afin de poser quelques questions aux personnes présentes. L’équipe a sondé 100 individus en leur demandant s’ils savaient ce qu’était le stress. Des 100, 99 personnes ont répondu qu’elles connaissaient bien le processus de stress. La deuxième question portait sur la définition du stress. La plupart ont affirmé que le stress signifiait une « pression de temps ». La troisième question consistait à savoir quel groupe est susceptible d’être le plus stressé entre les personnes âgées, les enfants ou les adultes. Tout le monde a répondu les adultes.
Dans cette définition du stress comme étant « la pression du temps », il est normal que l’on pense automatiquement que les adultes en sont la cible. Cependant, les études ont démontré que le cerveau des personnes âgées ainsi que celui des enfants sont les plus touchés par le stress en raison de la tranquille dégénérescence du cerveau de troisième âge ainsi que du développement de celui des plus jeunes. Il est à noter qu’il a été prouvé que le stress accélère la vieillesse du cerveau ou ralentit le développement de certaines parties du cerveau.
L’essence même du stress
Selon la science, ce n’est pas la sensation subjective au stress qui puise sa source dans les désordres mentaux, mais plutôt des déséquilibres d’ordre physique qui sont liés à la production d’hormones de stress déclenchée par une situation qui semble menaçante.
Ces réactions d’ordre chimique nous poussent, en cas de danger imminent, à nous mettre en action et c’est ce qui nous a permis de survivre aux mammouths de la préhistoire. Cela dit, la recherche a aussi prouvé que les hormones provoquées par la vue d’un danger peuvent affecter les régions cérébrales du cerveau qui jouent un rôle essentiel dans l’apprentissage, la mémoire et le contrôle des émotions. C’est dans ces situations que le stress peut amener des problèmes sous-jacents tels que l’anxiété, la dépression et l’épuisement.
Les facteurs CINÉ
L’une des plus grandes avancées scientifiques réside dans l’acronyme CINÉ qui définit le moment où une réaction biologique de stress peut se produire. À tous les coups, si une situation contient l’une des lettres ou plusieurs des lettres du mot CINÉ, une réaction de stress s’engendra. Le C signifie contrôle faible qui se résume à lorsque nous n’avons pas le sentiment d’avoir le contrôle sur une situation. Le I pour imprévisibilité : nous sommes dans une situation impromptue. N pour nouveauté, lorsqu’il est question d’une nouvelle situation. Puis, É pour Égo menacé, dans cette situation la personnalité est remise en question ainsi que les habiletés acquises.
Stress, angoisse ou anxiété ?
Il est important ici de bien définir le stress, l’angoisse et l’anxiété. Ces processus possèdent un tronc commun, mais se distinguent du fait de leur source ainsi que de leurs effets. Le stress est une réponse biologique à une situation qui semble menaçante que ce soit physique ou psychologique. L’anxiété est l’anticipation d’une menace future réelle et vient avec une sensation de tension musculaire ou d’un état de vigilance accrue. Par ailleurs, l’angoisse est une réaction face à un potentiel danger ou à sa conséquence accompagnée d’une réponse physique d’oppression ou de constriction.
L’importance de bouger
Il est bien précisé au début du livre de Dre Lupien que l’un des trucs les plus efficaces pour cesser une réponse de stress est de bouger. Elle conseille également de se lever une quinzaine de minutes et de faire l’une des activités suivantes : un jogging, du vélo stationnaire, une marche, monter ou descendre les escaliers de la maison, mettre des écouteurs et faire une danse rythmée sur la chanson I will survive suivie de trois autres chansons coup de cœur. Dans l’épisode du balado Sans filtre de PH Cantin et Doum Plante : Sonia Lupien sur les effets du stress, l’autrice mentionne de perdre l’énergie mobilisée « parce que si tu ne perds pas l’énergie que tu as mobilisée à cause du stress, c’est dans ton cerveau qu’elle va aller jouer et après ça, ben tu te demandes pourquoi tu es fatigué, etc. Pis, les gens dans le temps du mammouth, ils la perdaient l’énergie mobilisée, ils tuaient la bête ou ils partaient à courir si elle était trop grosse ».
Démystifier la norme
Autrefois, les chercheurs croyaient que la norme résidait dans le peu d’épisodes dépressifs ou troubles mentaux que peut vivre un individu. Alors que, depuis peu, il est démontré que près de 20 % de la population souffrira d’un épisode dépressif à un jour ou l’autre de sa vie. De plus, il est à mentionner que les différents troubles s’avèrent souvent à n’être que passagers et qu’il est tout à fait normal de se sentir dans un tunnel noir au moins une fois dans sa vie, tout comme il en a été question pour Dre Lupien, il y a quelques années.
Le stress nécessaire
Comme mentionné dans le livre Par Amour du Stress, il est impossible d’éliminer complètement les stresseurs du quotidien. Il faut donc apprendre sagement à vivre avec. À noter que selon Sonia Lupien « le stress est une arme dont il faut connaître le maniement pour en retirer les avantages ».
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