Par Léonie Faucher
Deux professeurs canadiens, Todd Pettigrew et Richard Price, se questionnent sur la pertinence de conserver les équipes sportives en milieu universitaire. En effet, certains croient que le sport est une distraction étudiante, tandis que d’autres pensent qu’il est nécessaire à la vie étudiante. Le sport universitaire est-il pertinent ou devrait-il être aboli?
Le sport universitaire devrait-il être aboli?
Dans un article d’opinion publié par Affaires universitaires, Todd Pettigrew, enseignant d’études anglaises à l’Université du Cap-Breton, affirme que le sport dans les universités devrait être aboli. Il soulève que le sport coûte trop cher aux institutions, outre les bourses pour les athlètes et la rémunération des entraîneurs : « en Ontario, où la loi requiert la divulgation des salaires élevés dans le milieu universitaire, on voit que l’entraîneur de l’équipe de basketball masculin de l’Université Carleton a gagné plus de 150 000 $ en 2012. » Aussi, il dénonce le sport comme une distraction pour la communauté étudiante, en la nommant comme principale cause d’incidents sur les campus universitaires. Agressions sexuelles, rituels d’initiations qui finissent mal, criminalité et tricherie passent souvent dans les équipes sportives œuvrant en milieu universitaire. Par exemple, en mars 2014, à l’Université d’Ottawa, l’équipe de hockey masculin a été suspendue à la suite d’allégations d’agressions sexuelles et, au début de 2013, à l’Université de Dalhousie, l’équipe de hockey féminin a été suspendue à la suite d’un scandale d’initiation abusive. Puisque selon lui il ne s’agit plus d’incidents isolés, mais bien d’une tendance, les équipes sportives universitaires devraient être suspendues pour calmer les étudiants et les étudiantes qui participent à des actions incriminantes.
L’université bénéficie du sport!
À l’opposé de Todd Pettigrew, Richard Price, professeur de sciences politiques à la University of British Columbia, émet l’idée que le sport universitaire contribue à renforcer les liens entre les universités et les collectivités locales tout en formant des citoyens sains et instruits. Selon lui, la présence d’athlètes d’élite au sein des universités contribue à pousser la recherche et l’apprentissage visant l’aspect sportif. Les étudiants et étudiantes participant à la vie sportive de leur campus voudraient notamment participer à des stages axés sur l’entraînement sportif, la médecine sportive, la gestion d’évènements, le marketing et la psychologie sportive. Des domaines qui évoluent grâce à la présence d’équipes élites sur le campus universitaire qui augmentent l’engouement de la communauté étudiante face aux sports. D’ailleurs, la présence d’athlètes sur les campus pousse davantage le corps enseignant et la communauté étudiante aux cycles supérieurs à diriger des recherches connexes aux sports universitaires. Par exemple, à la University of British Columbia, une étude a été menée sur le mécanisme cérébral qui assure la coordination des mains et des yeux, recherche qui a bénéficié du support des athlètes avec leur participation à l’étude. Donc, les universités canadiennes se situent à l’avant-garde des connaissances et des pratiques en matière de sport, puisqu’elles le font collaborer à la vie étudiante.
Rien n’est tout blanc : la marginalisation
Certes, l’obtention de bourses, l’initiation à la discipline de travail et les habitudes de vie plus saines semblent alléchantes dans le sport universitaire, qui semble irréprochable. De l’autre côté de la médaille se trouve un aspect pernicieux : la marginalisation. En effet, la politique instaurée d’intégration sportive se base sur une norme obligatoire : la réussite scolaire et la fréquentation scolaire, ce qui marginalise les personnes qui ne correspondent pas à cette norme. Malheureusement, des athlètes talentueux provenant de milieux défavorisés n’ont pu aboutir aux critères imposés et ont dû renoncer à l’élite, alors qu’ils figuraient parmi les meilleurs. Des barrières considérables se dressent alors et coincent les athlètes derrière des critères de sélection et des règles d’exclusivité qui éliminent plusieurs athlètes sous des difficultés scolaires. Effectivement, l’adhésion à des équipes dans ces institutions exige que les bases scolaires soient acquises et que l’élève soit un bon étudiant. Donc, le sport universitaire encourage une disparité au niveau de la réussite scolaire qui favorise la mésentente, voilà pourquoi Todd Pettigrew désire le voir aboli.
Le sport : un remontant cervical efficace en période d’examen
Sans contredit, les élèves en meilleure santé présentent une capacité d’apprentissage accrue selon la majorité des études menées; comme quoi l’activité physique a des effets bénéfiques sur l’apprentissage scolaire. En effet, à court terme, le sport permet de réduire le stress et d’améliorer la mémoire, deux capacités essentielles à la réussite scolaire. Plus scientifiquement, c’est l’augmentation de dopamine et de sérotonine du cerveau, deux hormones sécrétées lors de la pratique sportive, qui accroît la disposition à l’apprentissage des sportifs. À long terme, l’activité physique favorise la récupération d’informations dans la mémoire, augmentant l’efficacité des apprentissages. Alors, la pratique d’un sport universitaire disponible sur le campus encourage les étudiants et étudiantes à performer dans leurs cours. D’ailleurs, le sport possède des bienfaits sur la confiance en soi en prônant les succès personnels, un sentiment d’accomplissement et une vie sociale florissante. Tout en maximisant son emploi du temps plus chargé, l’élève apprend à gérer son temps en développant également son organisation. Des qualités essentielles qui sont accrues par la présence de sport sur le campus à proximité de la vie étudiante, selon Richard Prince.
Un marché de travail vaste pour les athlètes
Trois qualités fort prisées par les employeurs sont acquises par les sportifs et les sportives de compétition : le sens de l’organisation, l’esprit d’équipe et l’aptitude au leadership. Richard Price soutient que les programmes de Sports-Études paraissent bien sur les Curriculums Vitae et ainsi favorisent l’embauche des athlètes suite à leurs études. De plus, le sport universitaire permet aux étudiants et aux étudiantes de vivre des expériences à l’international, ce qui accroît le développement personnel.