L’élection présidentielle américaine de 2020 : candidats et enjeux

Par Ariane Lacerte

Dans un contexte politique, social et économique volatile et polarisé à l’extrême, le Parti démocrate peut-il reconquérir la Maison-Blanche? Le 4 février dernier, Karine Prémont, professeure à l’Université de Sherbrooke et directrice adjointe de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, a animé une conférence intitulée L’élection présidentielle américaine 2020 : candidats et enjeux. Le Collectif a assisté à cette conférence qui s’inscrit dans une lignée d’événements organisés à la Bibliothèque municipale Éva-Senécal.

Qui sont les candidats démocrates?

En début de conférence, professeure Karine Prémont a abordé avec le public présent les 5 candidats ayant le plus de chance de remporter la course à la chefferie. Voici un résumé des grandes lignes de la situation actuelle des candidats :

La professeure a commencé sa présentation des candidats avec le vice-président pendant 8 ans sous Barack Obama, Joe Biden. Comme il a plusieurs années d’expérience à la Maison-Blanche, plusieurs le considèrent comme le meilleur candidat pour battre Trump aux prochaines élections. Joe Biden attire le même type de public que l’actuel président : des hommes blancs assez aisés. Toutefois, il est également le candidat démocrate le plus populaire auprès des minorités.

Bernie Sanders est lui aussi bien connu des Américains. Lors de la dernière course à l’investiture démocrate, il avait suscité un engouement chez les jeunes. Ses idées jugées radicales ne rejoignaient pas l’ensemble des Américains, mais il a bien réussi à conquérir le cœur des plus jeunes. Toutefois, lors de la dernière campagne, sa candidature n’a pas réussi à venir rejoindre les femmes et les Afro-Américains. Un scandale de harcèlement sexuel avait fait surface en 2016, ce qui pourrait toujours lui nuire 4 ans plus tard. Plusieurs Américains le jugent beaucoup trop à gauche pour prendre le pouvoir et il fait un peu peur aux électeurs démocrates avec ses idées bien différentes.

Après avoir parlé des deux doyens à la chefferie, Karine Prémont s’est penchée sur le candidat le plus jeune, Pete Buttigieg. M. Buttigieg est actuellement âgé de 38 ans et se décrit comme un mini Joe Biden. Bien qu’il soit un vétéran centriste, sa position politique n’est pas intéressante pour les Afro-Américains ni pour les femmes. Son manque d’expérience en politique lui est aussi reproché, car son expérience la plus importante est celle de maire de South Bend, une petite ville de l’État de l’Indiana. Toutefois, le fait qu’il s’ouvre sur son orientation sexuelle peut venir rejoindre une population plus jeune des États-Unis.

L’ancienne professeure de droit de l’Université Harvard, Elisabeth Waren déplore l’étranglement de la classe moyenne. Contrairement à Bernie Sanders, elle se dit plutôt capitaliste. Le positivisme de ses discours la démarque. Elle se déclare comme une candidate de gauche, ce qui pourrait lui nuire, car historiquement, les États-Unis sont reconnus pour être un pays conservateur. Mme Waren est sénatrice du Massachusetts depuis 2013 et s’est déjà retrouvée au milieu un scandale concernant ses origines autochtones. Malgré les résultats de ses tests génériques, qui mentionnaient des racines autochtones (lointaines), elle a dû s’excuser auprès de cette communauté qui l’accusait d’avoir mis de l’avant ses origines pour faire avancer sa carrière universitaire.

Amy Klobuchar, âgée de 59 ans a, de son côté, de la difficulté à se démarquer dans la course à la chefferie puisque ses discours sont plutôt calmes. Actuellement sénatrice du Minnesota, elle est surnommée la «sénatrice des petites choses», car elle a accordé une bonne partie de son temps aux enjeux de la crise des opioïdes et de la protection des consommateurs. Elle est la seule candidate à la course qui n’appuie pas le régime d’assurance maladie universelle proposé par Bernie Sanders, ce qui la classe comme une candidate plus centriste.

Un deuxième mandat pour Trump?

Si l’on se fie aux sondages, Trump a des chances de gagner les élections de 2020. Selon la professeure Karine Prémont, les bons indicateurs de réélection sont l’économie, le soutien de la base électorale du président et le maintien de ses promesses. Malgré tout ce que l’on peut reprocher à Trump, il y a bien une chose qui se porte bien aux États-Unis et c’est l’économie. Le milieu de l’emploi va bien, il y a un très bas taux de chômage, il n’y a pas de crise économique en vue (d’ici novembre) et les gens sont assez heureux de leur situation. Alors, tout va bien pour Trump sur ce point. Pour ce qui est de la base électorale de Trump, il n’y a rien de plus fidèle que la sienne. Pour le président actuel, la situation est assez facile, il parle à des gens convaincus. Ses statistiques de soutien sont stables puisque Trump parle à des gens convaincus de l’aimer ou à des personnes convaincues de le haïr. Du côté de ses promesses, Trump a tenu la plupart des siennes. Il a notamment élu deux juges conservateurs à la Cour suprême, donc la droite religieuse est convaincue que Trump doit rester au pouvoir. Le président se positionne facilement, il dit ouvertement son opinion face aux armes et il a même participé à la marche pro-vie.

Les enjeux à surveiller pour les élections

Le confort des gens est un élément important à surveiller. Comme Ronald Reagan avait demandé en 1980 à la population : «Are you better off today than you were four years ago?». Le confort de la population sera un indicateur important pour orienter le vote. La mobilisation de la population sera aussi un enjeu important dans la décision du vote final. Aux dernières élections de 2016, il y avait eu un taux d’absentéisme de près de 41 %. Comme mentionné par la professeure Karine Prémont, les questions morales comme l’avortement et les armes à feu seront certainement des sujets chauds qui vont diviser les choix de la population.

La soirée électorale est toujours le premier mardi qui suit le premier lundi du mois. Historiquement, cette date a été choisie pour les récoltes puisque les gens devaient se déplacer jusqu’à Washington pour voter et ne pouvaient pas s’occuper de leur terre durant ces quelques jours. C’est donc le 3 novembre 2020 que nous saurons si Donald Trump obtiendra un deuxième mandat ou s’il devra laisser la place aux démocrates.

Les paris sont lancés, selon vous, qui sera le prochain candidat qui affrontera Trump le 3 novembre prochain?


Crédit Photo @ Radio-Canada

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