Par Meg-Anne Lachance
Au printemps dernier, le gouvernement Trudeau déposait le projet de loi C-21 concernant le contrôle des armes à feu. Cependant, un amendement ajouté lors de la seconde lecture a fait fortement réagir.
L’adoption d’un tel projet de loi permettrait des modifications au Code criminel et à la Loi sur les armes à feu, notamment en interdisant le commerce, les échanges et l’importation des armes de poing et en renforçant les peines liées au trafic et à l’utilisation des armes.
Toutefois, un amendement ajouté par les libéraux viendrait augmenter le nombre d’armes interdites. Un ajout qui est loin de faire l’unanimité autant au parlement qu’au sein de la population.
Les libéraux fortement confrontés
Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre n’a pas tardé à faire savoir son mécontentement. Il reproche à M. Trudeau de vouloir « empêcher les gens de la campagne de chasser leur dinde » et affirme que le problème ne concerne pas les chasseurs, mais plutôt les armes illégales qui entrent par les frontières, rapporte Radio-Canada.
L’opposition officielle n’est pas la seule à être en désaccord. Le député néo-démocrate Charlie Angus est allé de l’avant en soutenant que l’amendement « est sorti de nulle part » et qu’il « inquiète beaucoup de gens qui sont des propriétaires légitimes d’armes à feu ».
Toujours selon Radio-Canada, le premier ministre s’est défendu en répondant qu’ils font de leur mieux pour « garder les Canadiens en sécurité tout en respectant les chasseurs et ceux qui utilisent des armes à feu de façon responsable ».
Pour plusieurs, le projet de loi C-21 est loin d’être reçu de manière positive. La Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs du Québec se dit être inquiète par le projet, soutenant que celui-ci vise des armes utilisées à la chasse.
De son côté, l’Assemblée des Premières Nations affirme être contre le projet de loi C-21 qui, selon ses propos, ne respecte pas leurs droits ancestraux ainsi que les droits issus des différents traités. Elle demande au gouvernement d’être consultée. « Toutes motions allant à l’encontre de vos traités ne seront pas soutenues pas le NPD », a rapidement répondu Jagmeet Singh.
La fin d’une longue lutte ?
L’ajout de l’amendement s’est fait à quelques semaines du 6 décembre, journée commémorative pour les victimes de la tuerie de Polytechnique.
Le 6 décembre 1989, Marc Lépine est entré dans la Polytechnique et a ouvert le feu sur des étudiantes, affirmant que « les féministes ont ruiné sa vie ». Cet acte antiféministe va mettre de l’avant la misogynie encore présente dans la société québécoise et sera le point de départ de la lutte contre la violence faite aux femmes ainsi que celle concernant le contrôle des armes à feu.
En entrevue avec le Journal de Montréal, Nathalie Provost, survivante du drame de polytechnique et porte-parole de PolySeSouvient, avance que l’adoption du projet de loi avec l’amendement signifierait la conclusion de plus de 30 ans de lutte entamée par les étudiantes de la Polytechnique.
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