Par Marie Vachon-Fillion
Le mot-valise cosplay provient des termes « costumes » et « play » (jouer). Ceux qui s’adonnent au cosplay se déguisent donc en différents personnages de la culture populaire, qu’ils proviennent de bandes dessinées, de jeux vidéo, de films ou bien encore de séries télévisées. Les possibilités sont infinies, et les « cosplayeurs » ont de l’imagination à revendre. Entretien avec quatre fans de cette pratique de plus en plus courante!
Les quatre jeunes femmes interviewées se sont rencontrées lors de leurs études en Techniques de santé animale au Cégep de Sherbrooke. Cinthia Parent, Maryse Pelletier, Sarah-Maude Côté et Sarah-Maude Proulx ont entre 22 et 25 ans et pratiquent le cosplay depuis environ quatre ans.
Quelles sont les origines du cosplay?
Alors que la tendance provient du Japon, Maryse amène une petite précision : « Le cosplay en Amérique a plus commencé avec les conventions de Star Trek, alors que les fans de la série se réunissaient à un même endroit. »
Le cosplay a donc débuté avec les grosses séries télévisées et la trilogie Star Wars, il y a déjà plus de 40 ans!
De quelle façon vous êtes-vous initiées au cosplay?
- Cinthia : Il y a une dizaine d’années, j’ai commencé à faire des GN (grandeur nature), qui sont vraiment dans le bois, on se déguise et on doit inventer notre propre personnage. Après un certain temps, je me suis un peu tannée de ça, je suis donc allée vers le cosplay. Pour moi, c’est un peu plus facile que d’imaginer au complet mon personnage. Je savais qu’il y avait des conventions, donc la gang de filles et moi on a commencé à faire ça!
Quels genres de personnages peut-on décider de caractériser?
- Sarah-Maude Proulx : N’importe lequel!
- Sarah-Maude Côté : Ça peut être n’importe quoi, mais parfois certaines conventions sont plus spécifiques sur le thème. L’Animaracon c’est plus manga et jeux vidéo, Comiccon c’est plus varié.
- Maryse : Otakuthon à Montréal c’est plus anime, manga, tout ce qui est plus japonais.
Il existe une tonne d’autres événements du genre, comme le G-Anime et le Nadeshikon. S’il fallait tous les nommer, on y passerait la journée! Une autre preuve que le cosplay est en pleine effervescence au Québec.
Est-ce qu’il y a des limites au cosplay?
- Toutes : Non!
- S-M Côté : Il n’y a pas de limite, ce qu’on peut voir des fois… Les gens, ils sont fous!
Certains cosplayeurs arborent des costumes incroyables et passent des mois à les confectionner. Allant de la création d’armures à la fabrication d’accessoires, chaque détail apporté est réfléchi minutieusement.
Est-ce que ça coûte cher faire du cosplay?
- Toutes : Ça dépend!
- Maryse : Tu peux très bien être ingénieux, ça peut ne pas te coûter cher si tu es capable de trouver des matériaux peu dispendieux! Même si c’est cheap, tu peux t’arranger pour que ça ait l’air de quelque chose de bien. Les armures en Styrofoam sont un bel exemple!
J’imagine qu’il faut avoir plusieurs costumes si on veut s’y adonner souvent?
- S-M Proulx : Tu peux porter le même toute ta vie!
- Maryse : Il y en a qui vont perfectionner tout le temps le même costume. On peut modifier le costume sans arrêt, car on n’est souvent pas satisfaites à 100% du résultat!
Est-ce qu’il y a des gens qui ne font que ça dans la vie, du cosplay?
- Cinthia : Oui, mais souvent ils ne peuvent pas faire que ça. Ils doivent vendre des photos d’eux en cosplay, des fois des livres et des produits dérivés.
- S-M Côté : Ils vendent des patrons de leurs costumes aussi.
- Maryse : Il y en a qui vivent de ça, mais ils ont des commandites. Vous connaissez Patreon?
Les quatre filles acquiescent, alors qu’un gros point d’interrogation apparaît dans mon visage.
Patreon est en fait une plateforme où les fans peuvent s’abonner à leurs cosplayeurs préférés. Ils versent les montants qu’ils veulent pour les encourager. Par exemple, en donnant un dollar, tu as accès à un peu de contenu, des autocollants, etc. Dépendamment comment le cosplayeur gère son compte, plus tu payes et plus tu as du contenu exclusif. C’est libre à chaque artiste de faire ce qu’il veut, de mettre les montants qu’ils désirent.
- Maryse : Ils peuvent mettre des patrons, des tutoriels, des photos exclusives auxquelles les gens vont avoir accès en payant.
- Cinthia : Ils peuvent montrer dans des vidéos, par exemple, comment ils font leurs pièces d’armures ou leurs costumes de A à Z.
- S-M Proulx : Ça peut aussi être juste pour parler à leurs fans, ils vont faire des vidéos, un peu comme les youtubeurs.
- Maryse : Les cosplayeurs vont avoir une fanbase, un peu comme les influenceurs.
Ça vous apporte quoi de faire du cosplay? Est-ce que ça vous permet de sortir de votre timidité?
- Maryse : Je dirais que oui, c’est le même sentiment qu’à l’Halloween quand tu es jeune, tu deviens une autre personne le temps d’une journée. On dirait que soudainement, tout est possible! Ça aide beaucoup côté confiance, c’est plus facile d’entrer en contact avec les gens. C’est le fun quand il y en a qui veulent prendre des photos avec toi parce qu’ils aiment ton costume, on se sent comme une vedette!
Il y a aussi le côté artistique et créatif qui doit entrer en compte!
- S-M Côté : Oui, moi j’aime beaucoup créer, ressembler à un personnage, le faire à partir de rien.
- Maryse : C’est tellement de détails, la création. Ça peut être plus de la couture, du maquillage, ça ne doit pas être trop lourd aussi, avec les armures! Ça touche à plein de choses : aux côtés artistique, théâtral et même à l’ingénierie, si je peux dire.
Alors que les gens avaient auparavant peut-être quelques réticences face aux fans de cosplay, les filles me rassurent en me disant qu’aucune d’entre elles n’a été jugée pour cette passion qui, disons-le, sort légèrement de l’ordinaire.
Pour ceux qui désirent en savoir davantage sur les origines du cosplay, Ubique Film, une maison de production indépendante basée à Sherbrooke, a produit un documentaire sur le sujet nommé Culture Cosplay. Je vous invite à être curieux et à goûter aux joies du cosplay… au moins une fois dans votre vie!
Crédit Photo @ Open Shutter Photography