La règle d’or

Par Elena Naggiar

La sécurité, ce concept abstrait, intangible et pourtant si précieux aux yeux de tous. Sécurité physique, sécurité amoureuse, sécurité financière, sécurité familiale, tant de sécurité pour nous réconforter et panser nos maux. Un concept qui teinte la vie sur les campus universitaires et dont l’absence en préoccupe plus d’un.

Pourquoi la sécurité n’est-elle pas un bien que l’on peut tout simplement se procurer au magasin et s’assurer de toujours en avoir avec nous? Pourquoi la sécurité est-elle une denrée rare qui ne semble pas disponible pour tous? Pourquoi la sécurité traîne-t-elle avec ses amies sournoises comme la peur, l’inconfort, l’intolérance, le harcèlement et la discrimination? Pourquoi en 2016, dans un pays dit industrialisé, la peur a-t-elle réussi à s’installer sur les campus universitaires, à se tailler une place de choix dans l’esprit des étudiantes et étudiants et même à s’infiltrer sous les toits des universitaires ?

Comment se porte la santé de la division de sécurité de l’Université : est-elle en mode guérison ou en mode prévention? L’équipe de sécurité détient plus d’une corde à son arc lorsque vient le temps de protéger la population étudiante ainsi que le personnel de l’Université.

La première ligne de sécurité consiste en un circuit fermé de caméras de surveillance qui permet à la division d’avoir une visibilité partout sur le campus. Ensuite viennent les patrouilleurs, qui eux, s’occupent d’assurer une présence physique sur le campus de l’Université. Il faut savoir que toutes les activités et les efforts déployés pour assurer la sécurité à l’Université sont concentrés au centre opérationnel de sécurité qui est ouvert en tout temps. D’ailleurs, un agent y est toujours présent pour assurer la gestion de l’ensemble des alarmes et des caméras de surveillance de l’Université. Finalement, il y a l’application Sécurité UdeS, un tout nouvel outil qui permet à l’équipe une plus grande rapidité d’exécution pour le déploiement des mesures d’urgence.

Pour ceux qui ne savent pas où se trouve le centre opérationnel du département de sécurité de l’Université (tout comme moi avant de m’entretenir avec monsieur Jacques Girard, directeur de division – Service de sécurité et coordination des mesures d’urgence), sachez dorénavant que celui-ci se trouve au pavillon B5, tout juste en dessous de la cafétéria centrale.

Lorsqu’il s’agit de violences à caractère sexuel, comment le département s’y prend-il pour venir en aide aux victimes? Dans l’application, il y a une section dédiée aux violences à caractère sexuel dans laquelle se trouvent des ressources et des mesures disponibles pour les victimes, notamment le CALACS de l’Estrie. Monsieur Girard soutient tout de même qu’il est important pour les victimes de rapporter les incidents, pour que le département puisse continuer à les assister auprès des services policiers, car l’un des rôles que joue la division de sécurité du campus est d’assister les gens à porter plainte en toute confiance.

En toute confiance. Ce sont là de biens beaux mots, mais ô combien lourds de sens. D’ailleurs, selon les résultats préliminaires de l’Enquête sur la sexualité, la sécurité et les interactions en milieu universitaire (ESSIMU), il est indiqué que peu de victimes formulent des plaintes officielles à la direction de leur université. Peut-être qu’une corrélation pourrait être établie entre la réticence des victimes à signaler leur agression et le fait que « sur le campus, c’est très minime ce qui est rapporté à l’équipe de sécurité », comme l’affirme monsieur Girard. En outre, aucun cas de violence à caractère sexuel n’a été répertorié dans les souterrains de l’Université. Endroit à première vue propice à ce genre d’incident, mais monsieur Girard affirme que la sécurité est aussi présente et forte sur les terrains à l’extérieur du campus que dans les tunnels qu’il considère très bien éclairés et très passants.

Le seul moyen pour le Département de sécurité d’avoir l’heure juste sur les cas de violence à caractère sexuel est que les victimes brisent le silence et consentent à remplir un « rapport d’événement » qui est ensuite acheminé au Service de police de la Ville de Sherbrooke. Encore là, on demeure dans un scénario utopique dans lequel, d’une part, la victime prendrait conscience qu’elle est une victime de violence à caractère sexuel et, d’autre part, que la victime dénoncerait son agresseur, le tout dans une courte période.

Madame Geneviève Paquette, Ph.D., professeure agrégée au Département de psychoéducation de l’Université, soulève quelques pistes de réflexion fort intéressantes, mais tout aussi inquiétantes sur la difficulté de briser le silence : la réticence est-elle justifiée par des difficultés rencontrées pour déposer une plainte? Les victimes ont-elles l’impression qu’il s’agit d’un effort supplémentaire alors que l’adaptation à la situation en demande déjà beaucoup? Est-ce que les instances venant en aide aux victimes sont peu connues dans l’Université? Les victimes ont-elles peur d’être stigmatisées? Ignorent-elles les mesures de soutien pouvant être prises? Tous des questionnements et réflexions légitimes qui pourront trouver une réponse éclairée et appuyée lorsque la totalité du rapport de l’ESSIMU paraîtra.

D’ici là, chères étudiantes et chers étudiants, sachez que l’équipe de sécurité détient un temps de réponse aux situations d’urgence et de danger en deçà de trois minutes à peu près partout sur le campus principal. Pour le service de sécurité sur campus de la santé à Fleurimont, ce dernier est assuré par les services de sécurité du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), sous-contractés par l’Université et il est aussi efficace que celui du campus principal, souligne le directeur de la division.

Même après m’être entretenue avec monsieur Girard et madame Paquette, le concept de sécurité me paraît encore très indescriptible. Le paradoxe réside pour moi en la définition du mot sécurité et l’application sociale de celui-ci. En effet, Le Petit Robert définit la sécurité comme étant : « une situation, un état tranquille qui résulte de l’absence réelle du danger (d’ordre matériel ou moral) ». Pourquoi donc un individu qui cherche à être dans un état de sécurité infligerait-il le contraire à autrui ?

Je termine ma réflexion avec la règle d’or qui transcende toutes cultures, religions, mœurs et sociétés : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse. » C’est pourtant simple, non?


Crédit photo © Clicanoo

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