K’ wasan8bna ou comment reconnaître les réalités des peuples autochtones à l’UdeS

Par Victor Dionne

Récemment, l’Université de Sherbrooke a élaboré le plan d’action K’ wasan8bna (nous éclairons), déployant ses engagements envers les communautés autochtones. À travers l’accueil et la reconnaissance de la culture autochtone, ce projet s’inspire d’« une volonté de rendre notre société plus équitable et plus juste. »

Pour mieux comprendre l’essentiel du plan d’action et sa réalisation, Le Collectif a discuté avec la vice-rectrice aux études Christine Hudon, qui a codirigé l’initiative avec Suzie O’Bomsawin, directrice du Bureau Ndakina du Grand Conseil de la Nation W8banaki (Abénakise). Mme Hudon nous a expliqué ce qu’est K’ wasan8bna et quels sont les moyens de diffusion du savoir et de la culture autochtone à l’université. Elle a terminé en citant les collaborations entre les communautés et l’UdeS.

Les trois axes de K’ wasan8bna

Le plan d’action K’ wasan8bna s’échelonne sur cinq ans. Il se divise en trois axes principaux qui se développent graduellement. Mme Hudon résume brièvement ces derniers : « le premier axe consiste à favoriser un meilleur accueil pour les personnes autochtones; le deuxième est sur la révision de nos contenus d’enseignement et nos recherches pour faire davantage de place aux réalités autochtones; le dernier a pour but de faire rayonner les réalités autochtones sur nos campus. »

Différentes mesures concrètes composent les trois axes. À ce jour, plusieurs d’entre elles commencent à être traitées. La codirectrice du projet mentionne qu’ils sont « en train de regarder les conditions d’admission et si elles défavorisent les autochtones ». « On peut se questionner sur les parcours d’études. Si on permet dans certains programmes des études à temps partiel, vous pouvez imaginer que quelques personnes autochtones ont parfois des parcours atypiques, cela peut aider ses personnes à faire des études universitaires », continue-t-elle.

L’historienne ajoute que la Faculté d’éducation s’ajuste aussi en fonction de ces réalités contemporaines : « elle est en train de revoir ses formations des futurs enseignants et enseignantes pour intégrer les réalités autochtones ». Puis, Mme Hudon et les membres de K’ wasan8bna travaillent sur des offres de stages dans les milieux autochtones, autant pour les programmes coop que les autres. Elle soutient que « celles et ceux qui le voudront pourront avoir des expériences de stage dans les milieux autochtones. »

De plus, la vice-rectrice énumère certaines actions promouvant la culture autochtone à l’UdeS. Elle donne l’exemple de l’inauguration d’une sculpture de Michel Goulet, où l’une des chaises composant l’œuvre arborait un poème innu. De même, des pièces de théâtre autochtones devraient être éventuellement présentées au Centre culturel. Comme Mme Hudon explique : « quelqu’un qui le souhaite va entendre parler de la culture autochtone et va être sensibilisé, on l’espère, à la réalité historique et contemporaine. » Ainsi, ce projet permet d’incorporer l’enseignement de la culture des Premières Nations au cursus scolaire en plus de la rendre visible sur le campus. « C’est une caractéristique, je ne dirais pas unique, mais un trait assez original de notre plan d’action de l’UdeS. On va au-delà de la mission d’enseignement et de recherche », conclut la spécialiste.

Comment diffuser le savoir et la culture autochtone sur les campus?

Avec le projet K’ wasan8bna, on retrouve plusieurs moyens de diffusion du savoir et de la culture autochtone. Comme Mme Hudon l’élabore : « notre mission à l’université est d’enseigner et de faire de la recherche, donc on peut contribuer à travers l’enseignement et la recherche. » Elle illustre son propos en expliquant qu’à travers les programmes d’études, l’enseignement des perspectives autochtones va permettre « de mieux comprendre les réalités historiques et contemporaines et va faire des étudiantes et étudiants de meilleurs professionnels. » La codirectrice précise que la recherche sera faite en collaboration avec les peuples autochtones pour comprendre les préoccupations des différentes communautés. Ils vont définir des programmes de recherches qui vont répondre à leurs besoins.

D’ailleurs, le savoir et la culture vont se diffuser à travers les activités sur le campus. En plus des pièces de théâtre, l’historienne mentionne qu’il va y avoir des expositions dans les galeries d’art du campus principal et de Longueuil ainsi que de l’art public réalisé par des artistes autochtones. « Tout cela contribue à faire rayonner la culture », énonce-t-elle.

La collaboration avec les communautés autochtones

Mme Hudon soutient que les communautés autochtones participent de différentes façons au projet K’ wasan8bna. Elle donne plusieurs exemples qui permettent de comprendre les collaborations concrètes entre l’UdeS et les institutions autochtones.

Tout d’abord, le Grand conseil de la Nation W8banaki et le Bureau du Ndakina collaborent étroitement avec la Faculté d’éducation pour réviser le programme d’étude. Ils travaillent aussi sur la mise en place d’un centre de documentation sur les langues autochtones avec les professeurs de la Faculté des lettres et sciences humaines Christian Godbout et René Lemieux. La vice-rectrice aux études souligne que « certaines langues, entre autres la langue abénakise, sont très peu parlées maintenant ». L’objectif de ce projet est de « recueillir des archives sonores pour garder des traces de ses langues qui sont […] en voie de disparaître. »

D’autre part, il y a des collaborations de recherche entre le professeur Gervais Soucy de la Faculté de Génie et les Cris. Idem à la Faculté de droit, où l’association avec les Atikamekw est assez fréquente. Le programme de Médecine à Saguenay travaille conjointement avec les Innus également.

Si vous voulez en apprendre davantage sur le projet K’ wasan8bna, vous pouvez consulter la page Mettre en lumière les réalités, les savoirs et les perspectives autochtones à l’UdeS sur le site de l’Université.


Crédit photo @ Michel Caron

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