Par Luqman Cissé
Constatant un ultime achoppement des négociations de sa convention collective, le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL) a voté, le 20 janvier dernier, un mandat de grève de deux semaines. Or, à la veille de l’échéance de ce mandat de grève, ce vendredi 3 mars, c’est plutôt le spectre d’une grève illimitée qui se concrétise. L’issue est tout autre à l’Université de Sherbrooke, où une entente de principe a pu se conclure le 22 février, entre l’administration et le Syndicat des professeures et des professeurs de l’Université de Sherbrooke (SPPUS).
Charge de travail, rémunération, conditions et sécurité d’emploi à l’Université Laval, les revendications syndicales sont ainsi multidimensionnelles et se compliquent d’un contexte inflationniste post-pandémique. Elles sont également autant le symptôme que l’expression d’une rancœur s’accumulant depuis déjà un certain nombre d’années. La crise sanitaire ayant provoqué une prorogation de l’échéance de la dernière convention collective (2016-2020), sans que des négociations substantielles se tiennent depuis 2016.
Du côté de Sherbrooke
À l’UdeS, le SPPUS a lui aussi constaté une forte mobilisation de ses effectifs. L’entente de principe a ainsi été entérinée par un vote de 95 %, lors d’une assemblée réunissant plus du deux tiers de ses membres.
Si le climat des négociations était qualifié de cordial et constructif, et que le principal enjeu de mobilisation portait sur les augmentations salariales, les réactions des professeurs et du syndicat mettent l’accent tant sur la satisfaction de se voir dûment reconnus dans leurs fonctions professorales que sur l’effet qu’a eu la détermination à faire la grève sur le prompt établissement d’un terrain d’entente.
À Québec, des promesses qui se font attendre
Il s’agit de la même détermination à exercer son droit de grève qui anime les esprits à l’Université Laval, où la situation est toutefois clairement plus tendue. Le syndicat de l’unique institution universitaire québécoise à avoir vu son effectif professoral chuter au long des vingt dernières années a ainsi voté pour une grève illimitée, à 94 %, ce jeudi 2 mars.
Censée s’observer à partir du 13 mars, juste après la semaine de lecture, la grève continuera d’affecter près de la moitié des cours. Le SPUL réclame de réels progrès quant à la prise en compte de ses revendications, promettant de maintenir la pression au cas contraire.
C’est en cet arrêt de travail concerté qu’on demande un rattrapage salarial immédiat pour compenser le pouvoir d’achat perdu en 2021-2022. L’Université Laval rétorque que cela excède ses capacités et ne fait que bloquer des négociations déjà prises dans une impasse.
Dans un contexte plus large de questionnements sur la mission universitaire et d’enseignement, à l’Université de Sherbrooke tout comme à l’Université Laval, on peut ainsi faire état de revendications et de sentiments similaires, sans que ceux-ci rencontrent cependant la même fortune, face à leurs administrations respectives.
Crédit image @Marc Robitaille