Le féminisme et les étudiants de l’Université de Sherbrooke

Par Sandrine Martineau-Pelletier

Le féminisme est un sujet très discuté dans les médias du moment. De Justin Trudeau et Barack Obama aux vedettes hollywoodiennes masculines portant l’inscription « I am a feminist » sur leur chandail, plusieurs hommes s’affichent de plus en plus comme adeptes du mouvement. Le Collectif a voulu savoir le point de vue des hommes étudiant à l’Université de Sherbrooke sur ce sujet contesté.

« Qu’est-ce que le féminisme, selon vous? » et « Est-ce socialement mal vu de se présenter comme féministe aujourd’hui, étant un homme? » sont les deux questions qui ont été posées dans un groupe Facebook regroupant des étudiants de l’Université de Sherbrooke. Les tendances observées ci-dessous s’appuient donc sur les réponses des 20 répondants qui ont partagé leur opinion. Le peu de répondants rend la généralisation impossible, mais les tendances observées sont intéressantes à soulever.

Une définition nébuleuse

Presque unanimement, les répondants ont soutenu que la définition de base du féminisme est un mouvement qui prône l’égalité hommes-femmes. Par contre, beaucoup d’entre eux ont mentionné que le mouvement n’était pas bien défini puisque certaines personnes se considéraient comme féministes, mais prônaient en fait la supériorité du genre féminin. « On a vu à travers les dernières années plusieurs évènements ou personnalités qui ont terni la réputation du mouvement féministe en lʼutilisant comme explication pour des actions sexistes envers les hommes », mentionne un répondant. Le terme « féminazies » est également sorti du lot pour décrire ces personnes discriminant les hommes au nom du féminisme, comme a décrit le répondant ci-dessus.

Certains ont aussi rapporté que le mouvement devrait aujourd’hui ajouter l’égalité de la communauté LGBTQ à celle des genres binaires pour qu’il soit représentatif d’une lutte pour l’égalité des sexes, et non exclusivement celles des femmes et des hommes. Le troisième genre et troisième sexe est de plus en plus reconnu dans différentes régions du monde. C’est entre autres le cas en Californie où le gouverneur californien a signé le « Gender Recognition Act » le 15 octobre dernier.

Un nom remis en question

Le nom « féminisme » a aussi été un enjeu soulevé dans les réponses recueillies. Certains répondants ont mentionné croire en l’objectif principal du mouvement, qui serait l’égalité des sexes, mais ne pas trouver le nom du mouvement représentatif de son objectif, puisque le mot « femme » est mis de l’avant. Un étudiant a soulevé que, selon lui, « le terme le plus approprié serait l’égalitarisme, ce qui met[trait] les femmes et les hommes sur le même pied d’égalité ».

D’autres étudiants ont mentionné adhérer à l’objectif du mouvement, qui serait l’égalité des sexes, mais ne pas vouloir se prononcer eux-mêmes comme féministes puisque le nom en soi était vu trop péjorativement. S’affirmer féministe peut être perçu comme « faible et sentimental » selon un répondant, alors qu’un autre étudiant a mentionné qu’une personne ne se proclamant pas féministe était « généralement considéré comme étant misogyne, même si [elle] ne lʼest pas ».

En général, les avis des répondants étaient très partagés sur la question de la perception de la société envers les hommes féministes. C’est 11 étudiants qui étaient d’avis qu’il n’y avait aucune perception négative à se proclamer féministe, alors que 9 ont décrit ressentir un malaise à s’affirmer féministe puisque qu’ils considèrent que c’est mal vu.

La place des hommes dans le féminisme

Certains étudiants ont mentionné ne pas vouloir se positionner comme féministes, car ils remettaient en question leur apport dans le mouvement : « Le fait que je fasse malgré moi partie du camp des “oppresseurs” en tant qu’homme blanc occidental me fait sentir comme illégitime à prendre part au débat [qu’est la lutte pour l’égalité des sexes] ». Cette opinion a été partagée par deux autres répondants. La majorité des étudiants ont par contre mentionné appuyer l’objectif d’égalité des sexes du mouvement, même s’ils ne s’affirmaient pas en tant que féministes.

Les revendications du mouvement féministe au fil du temps

Le mouvement féministe a connu plusieurs vagues, chacune ayant des revendications différentes. La première vague du mouvement remonte au milieu du 18e siècle, et avait alors pour but de rendre la femme égale à l’homme institutionnellement parlant. L’amélioration de la condition des femmes et des enfants ainsi que l’égalité politique étaient les revendications principales de cette vague.

La deuxième vague est entrée en jeu dans les années 1960 et militait pour la condamnation du sexisme et prônait le contrôle de la femme sur son corps. L’égalité des droits était alors un grand enjeu, les féministes luttant pour le droit de vote, le droit au travail et le droit à l’éducation des femmes. La troisième vague, apparue dans les années 1990, est reconnue pour l’arrivée du féminisme noir, le mouvement repris par les femmes noires qui n’étaient pas prises en compte par les revendications formées dans les deux vagues précédentes.

Le professeur François Yelle de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke ajoute à cette ligne du temps une quatrième vague du féminisme dans le domaine des communications : celle de la lutte des milléniaux féministes. Cette vague présentement en cours dénoncerait les comportements sexistes actuels, notamment ceux apparaissant sur les médias sociaux.


Crédit Photo © gallieart.tumblr.com

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