Par Alexia LeBlanc
Cette année aura lieu la cinquième édition du Défi AquaHacking au Canada, où 1,7 M $ seront investis dans la création de jeunes entreprises de technologie propre qui auront comme objectif de résoudre la crise de l’eau au Canada. En effet, contrairement à certaines croyances, notre précieuse ressource naturelle, quoiqu’elle soit abondante, se voit confrontée à plusieurs enjeux qui menacent sa qualité et sa durabilité. Cette année, les jeunes Canadiens se concentreront sur les bassins des Grands Lacs et du Saint-Laurent.
Une histoire de famille
L’idée du projet a été lancée en 2012, alors que les grands-parents de la famille Gaspé Beaubien ont demandé à leurs petits-enfants quels enjeux socio-environnementaux les préoccupaient le plus. Comme l’expliquait Anne-Pascale Richardson en entrevue, directrice de programme pour le Défi, la famille souhaitait transmettre sa voix philanthropique à ses descendants et elle était prête à investir une partie de sa fondation (Fondation de Gaspé Beaubien) dans un grand projet. À la base, les enfants se sont intéressés à la condition des abeilles pour, finalement, déterminer que l’eau représentait un enjeu beaucoup plus important que l’on ne pouvait le croire. Sceptiques au début, les grands-parents ont réalisé que la protection de l’eau en Amérique du Nord était, en effet, un défi de taille et le plan a été officiellement lancé en 2015.
Afin de se rapprocher le plus possible de la nouvelle génération, la famille a déterminé qu’il était pertinent de développer des solutions technologiques pour aider à résoudre certains de ces enjeux. Il s’agit donc d’un projet qui mélange science et entreprenariat, et qui est ouvert aux 18 à 35 ans possédant des connaissances dans ces domaines.
Des projets de plus en plus grands
Il y a quatre ans, le premier défi d’AquaHacking fut lancé dans la région de la capitale nationale, pour la rivière des Outaouais. Aujourd’hui, la fondation s’intéresse à des bassins d’eau encore plus grands, soit le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent (le plus important réseau d’eau douce sur Terre). À lui seul, il contient 21 % de toute l’eau douce de la planète. Il s’agit du territoire le plus grand et ambitieux à ce jour pour la fondation. Comme l’a expliqué Nan Bowles (Nan-b) de la famille Gaspé Beaubien, la co-présidente de la fondation, « la qualité de l’eau est un enjeu de santé publique de plus en plus important et nous devons agir maintenant pour demain et les prochaines générations. » Ses recherches sur l’état actuel de cette ressource naturelle l’ont poussée à créer Aqua Forum, une table ronde où se réunissent les plus grands experts en la matière en Amérique du Nord. Nan-b a conclu que « […] pour résoudre ces enjeux, il faudrait plus que des experts armés de connaissances, et que nous aurions besoin de l’intelligence et du dynamisme des jeunes afin d’élaborer des solutions à long terme. »
Des objectifs précis
Les enjeux à affronter en 2019 ont été soumis par divers organismes et entreprises, dont l’Université de Sherbrooke, et cinq seront au cœur du défi, soit le sel de voirie, les lingettes rejetées dans les systèmes d’égouts, les microplastiques, les services d’eau municipaux et les fontaines d’eau potable, ainsi que le besoin de créer des communautés à l’épreuve des inondations. Ce sont donc autour de ces cinq menaces que les entrepreneurs/chercheurs canadiens baseront leur projet et proposeront différentes solutions, dont plusieurs experts assureront leur mise en œuvre.
Aussi, comme l’a dit Anne-Pascale Richardson, « l’eau n’a pas vraiment de frontière, et ce qui est applicable en Amérique du Nord est applicable n’importe où dans le monde. Cependant, nous nous concentrons présentement sur le Canada parce qu’il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire. Nous sommes encore très nombreux à penser qu’il n’y a pas d’enjeux. » En effet, nous sommes les garants d’une très grande ressource en eau et elle est menacée, soit par la contamination, la pollution, des espèces invasives et certaines personnes ont même des problèmes d’accessibilité. En partenariat avec plusieurs entreprises nord-américaines, AquaHacking essaie donc de canaliser ses activités ici, mais les solutions présentées seront adéquates à l’ensemble de la planète.
Depuis la première édition en 2015, 12 des jeunes entreprises bâties depuis ces années sont toujours actives et cela représente un taux de réussite de 75%, chiffre fort impressionnant si on le compare à celui des entreprises en démarrage, qui est d’environ 10%. Naysan Saran et Nicolas St-Gelais de CANN Forecast, les grands gagnants de l’édition 2016, affirment « [qu’ils sont] sur le point de créer quatre postes pour 2019 » et que leur entreprise est rentable. Le produit principal des deux étudiants est une solution basée sur l’intelligence artificielle capable de prédire la qualité de l’eau de manière fiable, afin de pouvoir fermer les plages en avance et assurer la santé de la population. Il s’agit d’un exemple parmi plusieurs, tous très inspirants.
Comment participer au Défi AquaHacking?
Le projet ne s’adresse pas qu’aux étudiants universitaires, même si la majeure partie le sont, car des professionnels déjà diplômés peuvent également participer. De plus, il n’est pas nécessaire d’être étudiant dans un programme spécifique, mais puisqu’il s’agit d’un défi qui mélange à la fois entrepreneuriat et sciences, il est essentiel que les membres de l’équipe aient de bonnes connaissances dans ces deux domaines. Les participants auront donc jusqu’au 15 juin prochain pour mettre à l’épreuve leur savoir, date à laquelle aura lieu la demi-finale à Toronto. Cinq équipes seront alors sélectionnées et elles auront encore quelques mois pour finaliser leur projet. La finale se déroulera à Montréal en automne prochain.
Il toujours possible de s’inscrire au défi, mais la date limite est le 15 mai 2019, et pour toute autre information, rendez-vous au www.aquahacking.com, où des membres de l’organisation se feront un plaisir de répondre à vos questions.