Par Sarah Gendreau Simoneau
Des restrictions dans des compétitions sportives féminines pour des athlètes transgenres remettent sur la table le débat et, surtout, le combat des athlètes LGBTQ2+ dans le monde sportif.
Trois fédérations, en quelques jours seulement, ont répondu à l’appel du Comité international olympique (CIO). Ce dernier avait demandé, en novembre dernier aux instances sportives, d’établir ses propres critères pour l’inclusion des personnes transgenres et intersexes pour pouvoir compétitionner dans les sports de haut niveau.
C’est l’Union cycliste internationale (UCI), selon l’Agence France-Presse, qui s’est exprimée la première. Elle a doublé la « période de transition » pendant laquelle les femmes transgenres doivent présenter un taux de testostérone « bas avant de s’aligner dans la catégorie correspondant à leur nouvelle identité de genre ».
La Fédération internationale de natation (FINA) a emboîté le pas, quelques jours après, en donnant l’accès de ses catégories féminines « aux nageuses devenues femmes avant la puberté ». Cette solution exclut presque tous les athlètes transgenres parce que leur transition est normalement plus tardive.
La FINA envisage même une catégorie ouverte qui s’ajouterait aux épreuves féminines et masculines tous sports confondus. C’est que la Fédération est secouée depuis quelques mois par les polémiques concernant l’Américaine Lia Thomas, qui a été la première nageuse transgenre à remporter un titre universitaire.
Dans la foulée, l’International Rugby League a aussi « provisoirement banni les joueuses transgenres des matchs internationaux féminins de rugby tant que n’aura pas été établie une politique d’inclusion complète ».
Les positions scientifiques
Le CIO a renoncé à proposer des directives uniformes, ce qu’il faisait depuis 2004. Le Comité exigeait alors, à l’époque, une opération de réassignation sexuelle au moins deux ans avant la demande de l’athlète — critère levé en 2011 — et une thérapie hormonale vérifiable pendant une durée suffisamment longue pour minimiser les avantages compétitifs liés au genre.
Le débat a aussi été stimulé par le combat médiatique et judiciaire de certaines athlètes intersexes, dont la championne sud-africaine Caster Semenya, qui a obligé les instances à affiner leurs réglementations et dévoiler leurs sources scientifiques, toujours selon l’Agence France-Presse.
Maintenant, il faut à la fois estimer l’impact sur la masse musculaire et l’endurance d’une testostérone élevée, ainsi que le temps pendant lequel ces effets perdurent, mais aussi « respecter la santé, le droit à la vie privée et l’objectif d’inclusivité du sport d’élite », expliquait le CIO en novembre dernier.
D’après les informations recueillies par l’Agence France-Presse, l’organisation olympique n’a pas indiqué si elle envisageait une troisième catégorie aux Jeux olympiques. Elle laisse donc chaque instance « déterminer le seuil à partir duquel un avantage peut devenir disproportionné, et développer les mécanismes nécessaires pour compenser ».
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