Par Christophe Lachance-Tardif
Catherine Raîche, une ex-étudiante de l’Université de Sherbrooke, occupe une fonction qui fait rêver tous les amateurs de sports confondus : directrice générale adjointe aux opérations football chez les Alouettes de Montréal dans la LCF. À travers son horaire chargé, j’ai pu m’entretenir avec Raîche pour prendre son pouls à la suite de sa nomination; c’est un rêve devenu réalité pour cette Sherbrookoise.
Straight Outta Sherbrooke!
En ce début d’année, Catherine Raîche entame sa première saison dans les bureaux des opérations football pour l’organisation montréalaise. En 2011, la dame originaire de Sherbrooke a gradué de l’UdeS en droit. Tout au long de son parcours universitaire, elle fut également membre de l’équipe de cheerleading du Vert & Or. La Sherbrookoise de 28 ans a d’abord rejoint les rangs des Alouettes en 2015 à titre de coordonnatrice de l’administration football avant d’occuper son poste actuel d’adjointe au directeur général Kavis Reed. Son poste antérieur l’a très bien préparé pour son nouveau mandat, puisqu’elle a pu se familiariser avec les différentes facettes du monde du football professionnel telles que la gestion du plafond salarial, la négociation des contrats destinés aux joueurs ainsi que la rédaction de ces pactes.
Raîche espère qu’à travers ses nouvelles fonctions, elle pourra faire taire les préjugés à l’endroit des femmes dans l’industrie du football, surtout au niveau du recrutement des joueurs : « Les gens vont être un peu plus réticents et dire : “C’est une fille, elle n’a jamais joué au football”, mais il y a beaucoup de directeurs généraux qui n’ont jamais joué au football. C’est quelque chose qui n’est pas facile, mais qui s’apprend. Le parcours de Dawn Aponte (ancienne V-P directrice des Dolphins de Miami) ressemble beaucoup au mien. C’est une femme qui a réussi à monter les échelons, petit à petit, pour évoluer pendant 25 ans dans la NFL. J’ai beaucoup de respect pour elle. »
Une approche mixte quant au recrutement des joueurs
Le travail de directeur général ne se résume pas seulement à sélectionner les meilleurs joueurs possibles pour bâtir une équipe compétitive et prétendante. Le DG et ses assistants doivent être dans un mode de recrutement jour et nuit afin de dénicher les prochains talents. J’ai demandé à Raîche si le nouveau régime des Alouettes allait prioriser une vision particulière quant au recrutement des joueurs : « C’est une excellente question! Tu es le premier à me la poser! Je dirais que nous allons adopter une approche mixte. C’est certain que nous allons mettre l’emphase sur le scouting traditionnel et old school si l’on veut, en envoyant nos dépisteurs sur la route partout en Amérique pour évaluer le talent. D’un autre côté, nous ne négligerons pas l’approche plus moderne utilisée par plusieurs organisations professionnelles (A’s d’Oakland, Browns de Cleveland) qui mettent l’accent sur l’analyse des joueurs par le biais des statistiques et des analytiques. Nous ne deviendrons pas les prochains Jaguars de Jacksonville non plus, avec une formule fortement axée sur les analytiques, mais nous désirons adopter une approche de recrutement composée de 60 % traditionnel et 40 % moderne pour être plus précise. »
C’est aussi un travail complexe où la marche de manœuvre est minuscule entre l’échec et le succès. La sécurité d’emploi est considérée comme une rareté dans l’industrie. Chez nos voisins du sud, dans la NFL, seulement 11 des 32 directeurs généraux possèdent un minimum de 8 ans de service comme DG auprès de leur équipe. Les 22 autres occupent le poste depuis 8 ans ou moins. « Pour être un bon directeur général, ça prend tout d’abord une excellente éthique de travail, beaucoup de rigueur et tout plein de dévouement pour être en mesure de vouloir en faire plus. Les bons directeurs généraux sont souvent les premiers entrés au bureau le matin et les derniers à en sortir. Il faut être dévoué à son travail si l’on veut bâtir une équipe de premier plan sur le terrain. »
Les Patriots : un modèle pour les organisations professionnelles
À travers les années, la NFL a produit quelques-unes des meilleures têtes de football au monde. Le succès récurrent des champions du dernier Super Bowl, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, fait rêver les organisations professionnelles sur une échelle globale. « Nous voudrions modeler notre structure d’organisation sur les mêmes bases que les Patriots et inculquer aux joueurs des valeurs similaires ainsi qu’une stabilité semblable au niveau du Front Office et des entraîneurs. »
La nouvelle DG adjointe ne nous cache pas ses ambitions. « Mon but ultime à long terme est d’occuper le titre de directrice générale pour une équipe de la LCF. D’ici là, je ne ferme pas totalement les portes sur d’autres opportunités qui pourraient s’offrir à moi. Si la NFL viendrait qu’à être intéressée par mes services, tant mieux, mais pour l’instant, je veux me concentrer sur la saison 2017 et faire tout mon possible pour apporter une Coupe Grey à Montréal. » Toute l’équipe du Collectif souhaite la meilleure des chances à Catherine dans ses nouvelles fonctions.
Crédit photo © Pierre Obendrauf – Montreal Gazette