Par Josianne Chapdelaine
La 3e conférence annuelle en communication marketing, initiative de l’École de gestion et de la Faculté des lettres et sciences humaines, s’est déroulée le 8 novembre dernier au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Au menu : la communication marketing à l’ère du numérique analysée par Ubisoft, Facebook et les Canadiens de Montréal, et ce, devant plus de 500 étudiants intéressés.
Ubisoft : l’importance de la communauté
Cédric Orvoine, vice-président aux ressources humaines et communications d’Ubisoft Montréal, était présent pour discuter des changements liés à l’ère du numérique dans l’industrie du jeu vidéo.
L’invité, œuvrant chez Ubisoft depuis 14 ans, a commencé la conférence en abordant l’évolution d’Internet qui permet la création d’outils. Les médias traditionnels n’auraient plus la même incidence sur le public qu’auparavant, selon le conférencier. Il existerait de nouveaux outils, qui viendraient démocratiser tout ce qui est communication, au-delà d’être des outils de tous les jours. Les réseaux sociaux sont également des plateformes de communication où les gens sont amenés à partager leurs opinions ou de l’information. « Une marque peut devenir son propre média. Les entreprises vont pouvoir rejoindre leur public sans passer par les médias », raconte-t-il.
L’exemple de l’importance de la communauté a été présenté par l’entremise de la mise en marché de For Honor, jeu vidéo créé par Ubisoft Montréal. Il s’agit d’un jeu où les joueurs sont représentés par des vikings, des chevaliers et des samouraïs qui doivent réaliser certains combats.
La version bêta du jeu, offerte en exclusivité à des joueurs impliqués, a permis aux créateurs d’appliquer certaines modifications afin d’améliorer le jeu lors de sa sortie officielle. Que ce soit des réactions positives ou plus constructives, il faut savoir écouter, raconte Cédric Orvoine. « Pour une communauté, une entreprise doit être empathique, transparente et honnête », ajoute-t-il.
« Plus il y a d’engagement, plus il y a de l’intérêt. Sans communauté, il n’y a plus de jeu. » La communauté deviendra alors les porte-paroles du jeu, sans que les médias aient à intervenir ou à en faire la promotion.
Lors de la période de questions qui se déroulait à la fin de chaque présentation, un étudiant a questionné monsieur Orvoine quant aux prérequis pour travailler chez Ubisoft, entreprise qui compte au moins 300 métiers différents. « Il faut être passionné par son métier, par les jeux vidéo ou par le travail d’équipe », a-t-il exprimé.
Facebook : au centre de l’avenir
Damien Duprat, directeur – solutions marketing globales de Facebook Canada, a d’abord abordé l’état des lieux du mobile vu par Facebook. Il y aurait des changements majeurs en termes de communication marketing quant à l’usage des consommateurs. D’abord, le multi-écrans. La majorité des personnes utilisent minimum deux appareils chaque jour (laptop, desktop, mobile, tablette). Cela rendrait l’analyse des campagnes marketing plus difficile, explique le conférencier.
Le degré d’attention s’est également modifié. Le conférencier explique que le grand nombre de stimuli disponible sur le Web empêche le consommateur de tout capter. Ainsi, il serait plus difficile de retenir l’attention d’un consommateur.
De nos jours, le temps passé sur le numérique est beaucoup plus grand que celui passé devant la télévision chez les moins de 30 ans, explique monsieur Duprat. Le temps passé sur un appareil mobile serait en moyenne de deux heures par jour. « Une minute sur quatre est passée sur Facebook ou Instagram, les deux appartenant à Facebook », se réjouit monsieur Duprat. De plus, il semblerait que « le cerveau enregistre des images 60 000 fois plus rapidement que les mots », explique le conférencier.
Le jeune conférencier mentionne que l’attention est de plus en plus portée vers le visuel. « D’ici 2019, 70 % du contenu consulté sera des vidéos. »
Il a terminé en mentionnant les directions et les projets que souhaite prendre Facebook, qui va maintenant bien au-delà de sa fonction première de réseau social.
Internet.org est un des projets que Facebook a créé qui a pour but de « connecter les gens », explique monsieur Duprat. Un avion de la grosseur d’un Boeing 747, sans pilote et propulsé par l’énergie solaire, permettra d’offrir gratuitement de la connexion Internet dans les milieux plus défavorisés où la connexion s’avère impossible. Aujourd’hui, 17 pays sont connectés grâce à Internet.org.
Les Canadiens de Montréal : s’adapter au quotidien
Donald Beauchamp, vice-président principal aux communications pour les Canadiens de Montréal, est entré sur scène avec une touche d’humour en racontant comment il en était arrivé à ce poste.
Originaire de Granby, il en est maintenant à sa 23e année au sein de l’organisation. Il explique certaines difficultés que rencontre l’organisation par le fait qu’elle est la seule équipe québécoise à traiter. « Quand les Canadiens de Montréal perdent, on a juste ça à faire parler d’eux. »
De plus, lorsqu’un joueur manque un match, les journalistes sont toujours très curieux de comprendre la raison. « Notre rôle, c’est vraiment de protéger les joueurs pour ne pas que l’équipe adverse ne s’attaque au joueur blessé », explique Donald Beauchamp.
La couverture des Canadiens de Montréal fait 70 % de toute la couverture médiatique en sport, raconte Donald Beauchamp. « On peut trouver ça lourd, mais c’est plutôt une chance de tourner cette couverture à l’avantage de ton entreprise », explique-t-il.
Il a également abordé les médias sociaux, sujet qu’il n’aurait jamais abordé au début de sa carrière. Il mentionne la grande perte de contrôle associée à cette nouvelle ère. « Nous ne contrôlons pas ce qui est dit sur Internet, mais nous pouvons au moins contrôler ce que nous choisissons de dire. »
« On a le pouvoir de diffuser de l’information, de donner des scoops, indépendamment des autres médias, mais si on fait ça, on perdrait la richesse de la couverture médiatique. C’est l’intérêt du produit qui fait parler de nous à l’international », ajoute-t-il.
Le site Web des Canadiens de Montréal serait le plus fréquenté de la Ligue nationale de hockey, malgré que l’équipe soit canadienne et francophone, selon l’invité.
Il termine en mentionnant que la chose la plus importante dans son travail, c’est l’authenticité. « On l’a ou on ne l’a pas! »
Crédit Photo © designaweb