Par Gabrielle Goyet
Avant-gardiste, visionnaire et ambitieuse. Ce sont des termes qui ont été employés pour qualifier l’Université de Sherbrooke (UdeS) lors du lancement interne de la Grande Campagne 2022-2028 le 18 novembre dernier. Le coup d’envoi officiel a été donné devant la communauté universitaire, réunie au Centre culturel de l’institution pour l’occasion. L’objectif ? Amasser 250 millions de dollars d’ici les six prochaines années, soit la plus vaste campagne menée par l’institution à ce jour.
Claude Villeneuve, directeur à l’École de gestion, et Evelyne Mottais, doctorante en éducation, ont animé conjointement cette soirée riche en émotion et chargée en projets. Plusieurs membres de la communauté se sont succédé derrière le microphone afin de souligner la passion et les rêves qu’ils chérissent pour leur institution. Les doyens et doyennes des diverses facultés ont également pu présenter leur programme de campagne de façon concise, à l’instar du célèbre concours Ma thèse en 180 secondes.
Les modalités de la Grande Campagne
La Grande Campagne, c’est une levée de fonds d’une envergure jusqu’à présent inégalée pour l’Université de Sherbrooke. Avec l’objectif d’amasser 250 millions de dollars, l’institution met la barre très haute comparativement aux campagnes de financement précédentes. Cette somme considérable servira à propulser l’UdeS dans ses projets en permettant la construction de nouveaux bâtiments, la création de nouveaux centres de recherche, la mise en place de bourses étudiantes et l’avancement des connaissances plus généralement.
Pragmatiquement, la campagne s’articule autour de quatre grands axes, soit la valorisation du vivre-ensemble et de la diversité, la mise au service de la technologie pour l’humain, la résilience face aux changements climatiques et la contribution au développement d’une approche personnalisée dans l’offre de soins et de services de santé. Les projets ou initiatives qui seront financés par la Grande Campagne s’apparentent à l’une de ces quatre grandes catégories, permettant ainsi à l’Université du Vert & Or de se distinguer par ses valeurs et priorités.
Afin de lever les fonds nécessaires à ces innovations, l’UdeS mobilise l’ensemble de sa communauté. Personnes étudiantes, diplômées, enseignantes, professeures et employées : toutes seront sollicitées à contribuer à l’Université qu’elles ont en commun. Les facultés seront d’ailleurs impliquées dans la procédure de financement, en ayant des personnes chargées de la gestion des dons philanthropiques.
Le recteur Cossette et sa grande vision
Pour le recteur Pierre Cossette, la Grande Campagne représente plusieurs choses. Dans une approche multiniveau, celui-ci mentionne que l’opération permettra de rapprocher les gens, de mener plus de projets originaux, d’agir comme levier, mais également de faire rayonner symboliquement l’UdeS.
Le recteur le souligne avec enthousiasme et conviction : « La grande campagne, c’est pour amasser des fonds, mais c’est aussi pour mobiliser les gens et créer un enthousiasme envers les projets de notre université foisonnante. L’argent philanthropique nous offre un degré de liberté plus grand, pour faire des choses hors-norme, plus originales. Ça nous permet de faire des milieux très capacitants ».
Les impacts de ce genre de campagnes sont en effet significatifs : à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, les dons philanthropiques ont permis de propulser plusieurs initiatives par le passé, comme le laboratoire de simulation clinique. « La Grande Campagne servira aussi de levier : lorsque la communauté se mobilise pour financer un projet, ça change la vision gouvernementale relative à l’importance d’un projet en faisant pression », mentionne le recteur.
La faisabilité d’une campagne de cette ambition
Quand on songe à la cible annoncée par l’Université, certains pourront mentionner leur scepticisme quant à la faisabilité d’une telle campagne. Pourtant, le recteur est confiant, convaincu que la plus grande force de l’institution réside dans l’engagement de sa communauté. « La cible de 250 millions est aussi symbolique. Les grandes universités lèvent des fonds de façon régulière. Notre objectif est ambitieux, mais il est comparable à celui que les autres institutions se fixent », rajoute-t-il.
Aux grands objectifs, les grands moyens, dira-t-on. La présente campagne ajoute une nouveauté majeure, soit celle du don planifié. Ce type de don philanthropique s’adresse plutôt aux personnes d’un certain âge qui souhaitent contribuer à une cause dans laquelle elles ont été investies au cours de leur vie. Qu’il s’agisse d’un legs du vivant ou d’un don successoral, les avantages sont multiples, tant du côté des retombées sociales que des retombées fiscales. Cette façon de faire est issue du milieu anglo-saxon, mais ce mode de financement se propage au milieu francophone depuis quelques années.
« Le don planifié est un élément nouveau de la Grande Campagne », souligne M. Cossette. « En tant que recteur actuel, je ne bénéficierai pas de cette addition dans le cadre de mon mandat, mais je trouve qu’il s’agit d’un très beau legs que je peux faire à mes futurs successeurs. Cela nous permettra d’avoir le moyen de nos ambitions pour continuer à avoir des leviers pour le développement de l’UdeS ». Le recteur mise gros sur la prévisibilité des dons planifiés. Il a cependant aussi l’ambition d’augmenter le nombre de personnes donatrices pour la présente campagne, qui s’élevait à 2 000 lors de la précédente.
L’aboutissement potentiel de ces dons
Avec les fonds qui seront levés, l’institution a une liste bien nantie de projets sur lesquels dépenser l’argent. « Un élément qui est vraiment chéri à mon cœur est les bourses d’études supérieures », mentionne le recteur. Fier de ce qui est déjà accompli dans ce sens, il souligne l’importance de rehausser les montants de ces bourses afin d’être comparables aux divers fonds gouvernementaux.
Dans les projets nouveaux, l’immobilier occupe une place considérable. Entre autres, l’université compte construire un « pavillon des apprentissages innovants » près du pavillon multifonctionnel du campus principal, qui servirait à faire un laboratoire d’interdisciplinarité. L’UdeS compte également reverdir le campus de la Faculté de médecine et des sciences de la santé et agrandir le centre sportif du campus principal. Longueuil n’est pas en reste : si le bâtiment a été mis à jour récemment, la clinique multidisciplinaire du centre de la petite enfance connaîtra un vent de nouveauté grâce au financement de la campagne. « Le meilleur est à venir », conclut le recteur.
Crédit image @UdeS